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Anges de fer


Par : Gregor, Remedy
Genre : Science-Fiction
Statut : C'est compliqué



Chapitre 1


Publié le 02/10/2010 à 22:47:26 par Remedy

Lorsque les moteurs décélérèrent, il était profondément enfouie dans les entrailles d'un programo-serveur. La mise à niveau d'une série de logiciels asservis à la reconnaissance d'une multitude de personnes devait lui avoir pris, à première vue, une vingtaine d'heure. Les protocoles installés par son prédécesseur lui avaient compliqué la tâche.
Le retour à une simili-pesanteur avait alerté ses divers senseurs de pression, l'extirpant des lignes de codages et de la substance indistincte du Rezo local. Son esprit et son attention étaient alors remonté vers la surface de la réalité, la transperçant comme une pierre jeté à l'eau d'un lac. Une série de câble, qui l'avait retenu dans sa tâche en assurant la continuité des processus entre son cerveau organique et cybernétique, se retira de divers port de connexion disséminé sur sa nuque de métal et au creux de ses poignets. Une aura opalescente s'échappa par le cristallin limpide de son oeil artificiel, diffusant dans l'obscurité du ponton un éclat oscillant entre le bleu et le vert. La mécanique de son corps bruissa, magnifique de précision et de puissance. Il s'éleva, jusqu'à se retrouver debout devant le siège qui l'avait au final accueilli pendant 25 heures et 49 minutes. La lourde pellerine d'officier dissimulait les secrets de sa mécanique interne, ne révelant aux yeux du monde que la dureté de son visage, alliage de l'organique et du mécanique, symbole même du dévouement totale de l'Homme au Dieu Machine et à l'Empereur.
Conrad Maximus était l'exemple parfait de ce qui se faisait de mieux en matière d'intelligence, de pugnacité, de courage et de dévotion totale pour les corps armés de l'Empire. Et à présent, la somme de tous ses efforts se trouvaient couronnés par l'imminence d'une nouvelle mission. Le major Inquisiteur qu'il était devenu savait que d'une minute à l'autre, le Commander s'adresserait à l'ensemble des sous officers et officiers embarqués sur le Ledhova. Ses mots seraient encore terriblement durs, secs, piquant comme un venin amplifié par la portée des informations distribués par le Rezo. Son objectif se trouverait défini. Et à ce moment, plus rien ne pourrait arrêter la force légendaire des Phalanges Purgatrices.

L'astre se consumait à petit feu. Cette étoile naine d'un million et demi de kilomètres de diamètre existait depuis dix milliards d'années. Sans l'immense vaisseau en forme de croissant de lune qui orbitait autour de la quatrième planète de ce système, et la drainait de son énergie, elle aurait probablement pu vivre pendant seize milliards d'années supplémentaires.
Elle émettait une quantité colossale d'énergie par le phénomène de fusion des atomes d'hydrogène et d'hélium qui se produisait en permanence en son sein. Cette réaction nucléaire perpétuelle générait d'intenses champs électromagnétiques qui remontaient par vagues à la surface de l'astre.
Un groupe d'entre-eux entra en éruption et prit la forme d'une tache solaire dans la photosphère.
Cette région d'intense activité magnétique enfla rapidement pour exploser en projetant un panache de matière incandescente d'un milliard de kilomètres carrés qui vint enrichir la couronne solaire. Ces puissantes vagues d'énergie électromagnétique et ces jets de plasma formèrent une spirale lumineuse qui fut captée par un pentagone couvert d'inscriptions trônant au centre du vaisseau. Des symboles antiques gravés sur les flancs de l'engin s'illuminèrent et la coque entière émit une pulsation, comme si l'aéronef enflait à cause de cet afflux de puissance.
Chaque émission de matière arrachée à l'étoile par le vaisseau diminuait la durée de vie du corps céleste d'une centaine de milliers d'années, mais ces occupants ne se souciaient ni de l'avenir de l'étoile, ni du sort du système planétaire qui orbitait autour d'elle, ni des formes de vie qu'il abritait. Des galaxies avaient vécu et péri selon le bon vouloir de leurs maître, des empires stellaire avait été soumis pour son plus grand plaisir, et des peuples entiers avaient été créés pour lui servir de jouets. Qu'importait un système solaire insignifiant à côté d'un Empire ?
à la manière d'une sangsue mécanique, le bâtiment en orbite continua d'absorber la force vitale de l'étoile. Un groupe de pyramides placés sous l'engin se mit à miroiter, comme sous l'effet d'une chaleur intense tandis que le vaisseau tressaillait à cause de la quantité colossale d'énergie qu'il drainait.
Soudain, un faisceau de lumière heurta le colosse de métal, derrière-lui le sous-espace se déchirait pour laisser passer un autre vaisseau spatial bien plus gros.
Le nouvel arrivant était unique de par sa conception et ses dimensions, c'était une machine de guerre redoutable. Comme guidé par une volonté, il s'approcha du vaisseau en forme de croissant de lune et ouvrit le feu. Une série d'explosions secoua sa coque alors que des armes de tous types atteignait leur cible. L'immense navire sembla vaciller, comme un animal blessé.
Il n'avait pas les moyens de riposter.
Ses moteurs s'allumèrent d'une lueur bleutés et le vaisseau s'éloigna de son assaillant. Cependant, l'autre poursuivit son attaque.
L'équipage de l'aéronef avait comprit qu'il n'avait aucune chance de s'échapper. Le gigantesque engin commença à tourner vers son assaillant, ses moteurs montant en puissance.
Une multitude d'armes frappèrent le flanc du vaisseau, arrachant des pans entiers de la coque. Les mécanismes d'auto-réparation tentèrent de limiter les dommages mais, tout comme le navire, ils livraient une bataille perdue d'avance. Des débris de l'engin se perdirent dans le vide lorsque les moteurs explosèrent, l'aéronef était perdu, il se trouvait à présent précipité dans l'oubli, peut-être à jamais.

La vidéo s'interrompit, le commander Learchus fixait l'écran sans dire un mot, il tâta de sa main droite le pommeau de son épée, symbole de son commandement offert par l'empereur lui-même. Alors qu'il détaillait les ornements de son fourreau, il ne put s'empêcher de repasser cet vidéo, imaginant le tête de l'équipage lorsqu'il comprit qu'il était trop tard. Learchus portait un uniforme noir, son heaume en forme de crâne grimaçant était accroché à sa ceinture, à moitié masqué par sa pelisse. La puissance du cyborg était palpable. Le commander ne méritait pas seulement le respect, il l'exigeait. Sa carrure était massive, plus imposante que la plupart des hommes de l'Empire, et aucun détail n'échappait à son regard inflexible. Un de ses yeux, d'un bleu-gris pénétrant détaillait l'image à l'écran, tandis que l'autre lui donnait des informations sur le vaisseau en croissant de lune à travers la lentille rouge d'un implant rudimentaire. Son crâne était entièrement rasé à l'exception d'une natte d'un gris argenté qui descendait depuis la couronne de sa tête jusqu'à ses épaules. Son visage semi-organique était figé en une parodie de sourire constante. Il s'approcha de l'interphone.

- Faîtes venir Conrad Maximus. dit-il d'une voix métallique.


La surprise ne venait pas de la teneur des propos du Commander. A son habitude et pour son honneur, il avait galvanisé la section de louanges pour les serviteurs de l'Empereur et de mots cruels pour tout les traitres et les insoumis. Sur ce point là, Conrad avait totalement achevé d'être en parfait accord avec la docte impériale. La servitude volontaire et partielle assurait l'Homme de ne jamais s'égarer et de se mettre au service de grandes causes.
La seule humanité qui demeurait en soin sein étaient les souvenirs de sa vie précédent la Conversion, l'éclat bleu et glacé de son oeil organique,la blancheur laiteuse de sa peau, l'éclat terne de quelques mèches châtains courant sur son crâne, et les traits fins de sa bouche et de son nez. Rien de plus, rien de moins. Et Conrad se complaisait totalement dans cet état de fait, machine pensante totalement asservi à la cause de ses supérieurs.
Non, ce soir, la surprise venait de la cible. Un objectif bien curieux, étrange et déroutant même. L'espace d'un instant, la projection holographique qui flottait dans le mess des sous-officiers lui sembla erroné, anachronique. Mais non. La transcription numérique avait soigneusement reproduit une réalité palpable, étalant quantité d'informations sur des modes de perceptions inconnus pour un humain non améliorés. Cette fois encore, Conrad louait intérieurement le Dieu Machine de lui accorder la faveur de percevoir le monde d'une façon large et consciente.
Plongé dans l'étude de l'objectif, il n'en fût que plus surpris par l'appel prioritaire qui émergeait sur son canal privé de communication. Un appel en provenance directe du ponton de Haut-Commandement.

Le Commander était debout face à un immense écran holographique en trois dimensions diffusant un nombre d'information considérable. La plus grande partie traitait de Glies 503-5, la planète biosphérisé sur laquelle s'apprêtait à débarquer divers navettes du Ledhova.
En silence, Conrad s'avança vers son supérieur, qui se retourna sans se départir de son habituel sourire carnassier.
- Pour le Dieu-Machine et le salut de l'Empereur, lança-t-il en se mettant au garde à vous
- Repos major, Répondit le Commander.
- J’ai été très surpris de votre appel, Commander.
- Simple procédure, Major Maximus. Ne croyez pas que je veuille vous reprocher quoique ce soit. Néanmoins, je souhaiterais que cette mission se passe sans problème. Étant donné les particularité de l’unité PGX-559-AB-12, je vous incite à faire preuve de prudence .
- Comment une telle faille a-t-elle pu se révéler, Commander ?
- Je l’ignore, Major. C’est pour cela qu’il vous faudra être d’autant plus rapide et efficace. Une telle aberration doit être corrigée et réétudié au plus vite par les cybernautes.
De sa pince de commandement surgit un minuscule tube en verre, renfermant un étrange filin de couleur de noire.
- Dès qu’il sera dans vos mains, vous lui administrerez ceci. Cela devrait suffire à contenir ses pulsions et rendre le voyage de retour plus acceptable pour votre escadron.
- Merci, Commander
- C’est l’Empire qui vous remercie, Major. Sans vous ni vos Hommes, ce genre de tragédie risquerait de s’étendre et de se reproduire bien trop vite pour que nous puissions intervenir correctement.
Conrad se retira sur un simple et silencieux salut militaire, se dirigeant d’un pas rapide vers les quartiers de son escadron. Il lui faudrait être pédagogue pour faire comprendre à ses hommes que ce en quoi ils croyaient depuis si longtemps n’était pas parfait. Qu’un ancien traitre robotisé et conditionné avait finalement vaincu la barrière mentale établie par la technologie pour se retrouver en homme libre. Et qu’en aucun cas, ils ne devaient le tuer.


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