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Quand Viendra l'An Mille après l'An Mille (Vae Victis)


Par : Conan
Genre : Action, Réaliste
Statut : C'est compliqué



Chapitre 30


Publié le 27/09/2014 à 16:41:19 par Conan

Alors que Louis paierait cher pour se trouver ailleurs en pareille circonstance, le bruit d'un grand claquement fait sursauter la riche assemblée.
A l'autre bout de la grande salle, la double-porte d'entrée s'ouvre avec grand fracas, et deux hommes en sortent tels des chimères déchaînées.
''Mais lâche-moi, milladiou !'' ''Putain tu vas nous laisser passer espèce d'enculé ?!'' s'exclament les intrus à l'encontre du garde qui tente de les empêcher d'avancer. Ce n'est qu'alors que Berger reconnaît en ces brigands le première classe Nolet et Paul Bernac, mal accoutrés et plus agités que jamais.
-Mon capitaine ! Faut que vous veniez tout de suite ! Crie Bernac lorsqu'il voit Louis s'avancer vers eux précipitamment. Entre-temps, un vieux général à rouflaquettes tente de calmer les esprits à sa manière.
-Allons jeunes hommes, du calme ! Un peu de sang-froid ! Mon capitaine, ces hommes sont-ils de votre compagnie ? Dit-il en se tournant vers Louis.
-Affirmatif ! Puis, sans plus discuter avec son supérieur, il se tourne vers ses deux subordonnés: qu'est-ce qu'il se passe ?
-Y'a du grabuge en chambre mon capitaine, Bussy a pété les plombs !
Les trois hommes quittent alors le bâtiment au pas de course, laissant les autres invités interloqués et sans voix, rapidement repris en charge par Montigny, toujours prêt à couvrir son ami :
-Allons ! L'incident est clôt, reprenons nos réjouissances ! Rigole-t-il en refermant la double-porte, non sans une certaine anxiété qu'il tente au mieux de masquer.

Berger, Nolet et Bernac parviennent au pied du bâtiment qui loge les hommes de la première compagnie, et grimpent les escaliers en colimaçon quatre par quatre, faisant craquer les vieilles planches de bois sous leurs pas pressés. Lorsqu'ils parviennent enfin au cinquième et dernier étage, ils sont accueillis par une dizaine de soldats.
-C'est Bussy mon capitaine. Ça va mal. Suivez-moi. Lance le caporal-chef en s'engouffrant dans une grande pièce aménagée en dortoir. De chaque côté, une dizaine de lits superposés en fer son alignés, sur lesquels les soldats on déposé en vrac sacs, armes et uniformes. Au milieu de la chambrée est posée une table entourée de sept ou huit tabourets, et sur laquelle restent des résidus de ce qui semblait être une partie de cartes. Un cendrier a été renversé et plusieurs affaires jonchent le sol de part et d'autre, comme si une tornade était passée à travers le dortoir, vidé de toute activité.
Louis suit son subordonné jusqu'à l'autre bout de la grande chambre, et se retrouve face à une porte en bois fermée à double-tour, au centre de laquelle trois petits trous ont été creusés. Il lui semble alors qu'il s'agisse d'impacts de balles.
Le caporal-chef s'arrête à quelques mètres de la porte, entre deux lits de camp, et se tourne vers Berger.
-Voilà l'affaire mon capitaine : en pleine partie de belote, Bussy s'est senti mal et a voulu aller se coucher. Et voilà qu'il y a dix minutes, il s'est levé comme une furie, blanc comme un linge et tout tremblotant. Il a attrapé son fusil et a commencé à hurler des choses incohérentes. J'ai tout de suite dit aux gars de quitter la pièce, et j'ai essayé de le raisonner. Sauf qu'il s'est mis à piquer une crise, il a foncé vers les sanitaires, et il s'y est enfermé. Quand j'ai voulu ouvrir, il a tiré à travers la porte, ça m'est passé à ça du ventre ! Depuis il refuse de sortir, il est en panique et ne veut parler qu'à vous.
-Quand on connaît votre façon de raisonner les hommes ce n'est pas surprenant. Vous aviez bu ?
-Si peu ! Il n'a même pas terminé son verre !
-Bon je m'en occupe, restez derrière.

Louis s'avance alors prudemment jusqu'à la porte marquée de trois points d'impacts et, plaqué contre le mur, il toque.
-Qui c'est ?! Résonne une voix depuis l'intérieur.
-Bussy ? C'est moi, le capitaine Berger.
-Oh, mon capitaine ! C'est horrible, ils sont partout !
-Qui ça, ''ils'' ?
-Ceux qui ont eu Bouvier mon capitaine ! Ils veulent nous bouffer ! Ils vont tous nous massacrer, nous écharper avec leurs griffes ! Et leurs crocs ! Me laissez pas seul avec eux je vous en supplie !
-Bussy, du calme. Il n'y a personne d'autre que toi et moi ici, d'accord ? Je vais ouvrir cette porte et tu vas me donner ton arme.
-Vous jurez qu'ils sont partis ?
-Je te le promet Bussy. Sur mon honneur.

Aucune réponse ne se fait entendre. Louis, craignant le pire, se risque à tourner le loquet, et à actionner la poignée. La porte en bois s'ouvre en grinçant, et dévoile une longue rangée de lavabos ordonnés de manière symétrique. La peinture jaune pâle qui recouvre les murs est décrépie et donne à cet endroit un aspect lugubre et antique. Louis avance de quelques pas sur le carrelage qui résonne tandis qu'un des robinets goûte continuellement. De sa main gauche, il cherche l'interrupteur sur le mur. Lorsqu'il le sent, il presse le bouton. Des néons clairs s'allument alors depuis le plafond, et Louis remarque Bussy à quelques mètres en face de lui, recroquevillé sur lui-même sur le sol froid et dur, entre deux lavabos, son fusil serré entre ses bras.
Berger avance alors vivement vers lui, et le tient par les épaules. Bussy relève la tête, et ses yeux rougis par les larmes frappent son capitaine qui se penche vers lui.
-Mon capitaine... Dit le jeune soldat aussi apeuré qu'un enfant tourmenté par ses cauchemars.
-Ça va aller mon gars. C'est terminé.
Louis s'assoit à coté de lui et tente au mieux de le réconforter, tandis que les soldats mis à la porte de leur chambre regagnent timidement la pièce, et s'agglutinent dans l'encolure de la porte.


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