Noelfic est temporairement en accès limité.
Envie de discuter en attendant ?
Accédez au SkyChat
Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Jo, ou les états d'âmes d'un alcoolique


Par : Conan
Genre : Réaliste, Sayks
Statut : C'est compliqué



Chapitre 1


Publié le 07/09/2013 à 23:56:58 par Conan

Condé-sur-Seine est une petite ville tranquille, pas très loin de Paris, mais pas trop près non plus. Une petite ville comme il en existe des milliers. Dans cette petite ville, on y trouve un centre, avec ses boutiques, son église, sa mairie, ses petits appartements. Puis, tout autours, s'éparpillent sur quelques kilomètres, ses pavillons, et ses jardins. Plus loin encore, son cimetière.

Derrière ce cimetière se trouve une maison, seule, isolée du petit attroupement de bâtisses qui s'échelonne jusque loin dans la campagne. Une maison rude, faite de pierres et de bois, à laquelle il faut accéder par un chemin de pavés tracé dans l'herbe grasse du petit jardin, juste à coté du garage jouxtant l'habitation, le tout protégé par un muret de roches, surmonté d'un grillage où s'étale une ligne de haie aussi verte que la forêt qui se trouve quelques dizaines de mètres derrière, et un portail en fer forgé haut de deux mètres, surplombé de herses noires.

Dans cette maison vit une famille. Des gens discrets, polis, selon les gens qui les côtoient.
Il est une heure du matin, et cette maison est l'une des dernières encore allumées de la ville en cette heure tardive. Et, tandis que la silhouette d'une femme apparaît furtivement devant les fenêtre, les deux feux arrière rouges d'une voiture fendent la nuit et se dirigent vers la bâtisse, jusqu'à s'arrêter devant le portail qui s'ouvre dans un sinistre grincement, puis reprennent leur route pour disparaître dans le garage, tandis qu'au loin, un chien aboie.

La porte d'entrée se déverrouille, et une ombre franchit le pas. Un doigt se pose sur l'interrupteur et allume le couloir. L'homme qui vient de pénétrer la demeure enlève son épaisse chemise à carreaux rouges et la pose sur le porte-manteaux situé sur sa droite, et tandis que grince le cuir des chaussures montantes qu'il retire, une femme apparaît dans l'encadrement du salon, les mains croisées sur son t-shirt blanc. D'un geste de la nuque, elle remet en place ses cheveux blonds tombant en cascade sur ses épaules. L'homme s'approche d'elle et, posant ses mains sur ses joues, lui embrasse le front.
« Salut chérie. » Chuchote-t-il. Et de continuer : « le petit est au lit ? »
La femme acquiesce de la tête en levant ses yeux bleus vers le visage de son mari :
-Oui, depuis longtemps même. Tu rentres encore tard.
-J'étais avec un type qui avait du mal à se décider. En plein centre de Paris en plus, donc j'te laisse imaginer le bordel.

La jeune femme quitte l'étreinte de son homme et retourne s'asseoir dans le canapé du salon, repliant ses jambes vêtues d'un jeans déchiré contre sa poitrine, et enfouissant la tête dans le creux formé par ses genoux en appuyant sur la télécommande de manière robotique pour changer de chaîne, rapidement rejointe par son mari qui s'installe à coté d'elle, une canette de bière à la main. Tout en allongeant ses jambes sur la table basse en verre, il lui demande :
-Alors, comment ça c'est passé aujourd'hui ?
-C'était la rentrée pour le petit.
-Je sais. Il a pas eu trop de mal ?
-Non, ça a été mais... Il te cherchait. Il n'arrêtait pas de me demander où était papa... T'aurais quand même pu être là pour sa première fois à l'école.

Sa réponse n'est qu'un soupir de déception.
-Je sais... Mais t'en fais pas, c'est bientôt fini. On va pouvoir partir.

Elle se tourne vers lui en souriant :
-C'est vrai ? Quand ?
Il sourit :
-Si demain j'arrive à boucler mon contrat, on peut être au Canada d'ici un mois.

Elle passe ses bras autours de son cou.
-Jo, j'suis pas mécontente d'être mariée à toi.
-J'adore quand tu me fais des déclarations d'amour. Répond-t-il cyniquement.

Il finit sa bière d'une traite, puis se lève brusquement.
-Bon, j'ai encore du boulot au garage. Va te coucher, je te rejoins après.

La femme hoche la tête puis se lève à son tour et, après avoir embrassé son mari, s'éclipse dans le couloir, le laissant seul dans le salon. Il jette la canette dans la poubelle de la cuisine, puis avance à son tour dans le couloir. Il ouvre la porte du fond, près de l'escalier menant aux chambres à coucher, et pénètre dans un local d'une dizaine de mètres carrés, encombré de plans de travail, d'outils et de lourdes barriques de bois.

Un berger Allemand, jusqu'à présent allongé sur une paillasse, se lève et avance vers son maître en remuant la queue et en jappant de joie. Jo caresse son chien, puis le repousse peu après pour se concentrer sur son travail.
Il se baisse face à une étagère métallique et tire une caisse de fer rangée en-dessous. Il souffle dessus et la dépoussière du revers de la main. Déverrouillant les deux crochets, il l'ouvre, dévoilant son contenu : des pistolets et fusils d'assaut, emballés sous plastique. Fouinant jusqu'au fond, il sort une AK 47 à crosse repliable, puis un fusil à pompe Winchester, qu'il pose sur un plan de travail à coté d'une scie circulaire. Puis il se retourne et ouvre une autre caisse, en bois cette fois, et en sort une poignée de grenades à main au marquage en cyrillique qu'il pose près des deux autres armes. « Je m'occuperai du reste demain. » Pense-t-il. Il quitte la pièce et referme la porte de son garage, laissant le chien se recoucher dans son panier.

Jo gravit les escaliers et se retrouve face à un autre couloir. Il se dirige à nouveau au fond et pousse la porte légèrement entrouverte, puis se ravise et fait demi tour pour ouvrir une autre porte, située sur la droite. Il pénètre lentement dans la pièce décorée de peluches et de posters de dessins animés. Son fils de trois ans dort paisiblement, serrant un doudou contre son petit torse. Son père lui caresse tendrement les cheveux, puis retourne dans le couloir. Il se dirige à nouveau vers sa chambre. Sa femme est déjà couchée. Jo se déshabille lentement et la rejoint dans le lit.

Allongée sur le flanc, elle semble endormie. Jo lui embrasse la nuque en chuchotant un « je t'aime » et s'endort en lui caressant les hanches. Il est une heure et demie.
Jo n'a pas remarqué le fourgon noir garé dans un chemin à une centaine de mètres de chez lui, pas plus que les voitures de police stationnées sur toutes les routes autours de sa maison. Il ne devine pas que des hommes en tenue d'intervention viennent de pénétrer dans son jardin et se tiennent prêts devant sa porte d'entrée. Il n'entend pas non plus les coups de feu étouffés par les silencieux qui abattent son chien dans le garage. Il se lève en sursaut seulement après que la porte d'entrée ait été défoncée par le bélier des hommes du GIGN, qui pénètrent dans la bâtisse par dizaines, bouclier en avant et canons pointés vers le fond du couloir. Il n'a que le temps de se lever et envoyer sa femme chercher leur fils quand les hommes en noir lui sautent dessus et lui passent les menottes aux poignets.

Son enfant crie, sa femme pleure. Jo, lui, regarde s'éloigner sa maison par la vitre de la voiture de police.


Commentaires