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L'Apostolat des Oiseaux


Par : Loiseau
Genre : Science-Fiction
Statut : C'est compliqué



Chapitre 7 : Chasse, vitesse et perdition


Publié le 11/12/2013 à 22:20:12 par Loiseau

[c]Lynot

Chasse, vitesse et perdition[/c]



Il y a deux choses que j’aime par-dessus tout. Le taboulé et la vitesse. Et en ce moment-même je pratique l’une de ces deux activités.
Ma moto dernier cri, un bel engin tout chromé pouvant pointer à 300 km/h sans aucun souci, fend l’air pollué de la ville. Dans mon dos chantent les sirènes de la maréchaussée de Megalopolis, accompagnées de quelques drones de surveillance. Rien de bien méchant.
J’entends vaguement une balle siffler près de mon oreille. Ces pignoufs mettent un peu trop de bonne volonté à vouloir me tuer. Tout ça pour une valise.

En fait c’est comme ça que ça s’est passé : y a deux jours, Aquila m’a envoyé un message m’expliquant que je devais récupérer une valise qu’un banquier transportait. Apparemment elle contenait des documents tip-top-secrets de la plus haute importance pour l’Apostolat. J’ai pas trop posé de questions parce qu’il était de mauvaise humeur, puis de toutes façons il répond jamais. Il m’a juste donné l’heure et l’endroit où je devais aller. J’ai tout juste eu le temps de finir mon taboulé, d’enfiler ma plus belle veste en cuir et de foncer en moto jusqu’au lieu-dit.
Le banquier sortait d’un grand bâtiment de verre au moment où je suis arrivé. Toujours le parfait timing… Il avait la valise à la main. J’ai su que c’était bien lui grâce à la description d’Aquila. Le type était petit, maigre, chauve et portait une cravate rouge à pois jaunes absolument dégueulasse. Comme je connais mon boulot, j’ai pas attendu des plombes avant de lui voler la mallette. J’aurais dû.
En fait le gars avait menottée la valise à son poignet et tenait une alarme à drones dans l’autre. Du coup, quand j’ai démarré à 100 km/h et que j’ai attrapé la valise à l’arrachée je me suis retrouvé avec le mec hurlant qui traînait derrière ma moto. Je pouvais voir son visage s’écorcher sur l’asphalte en regardant dans le rétroviseur. J’ai pas lâché pour autant, quand on me confie une mission je la mène à terme. L’ennui c’est qu’à cause de l’alarme, j’ai vu des drones surgir d’un peu partout. Puis les flics sont arrivés et j’ai dû augmenter un peu la cadence. Je crois qu’à ce moment-là c’était un cadavre que je traînais derrière moi, et il me ralentissait. J'ai été obligé de sortir mon Dassault-500 et de couper le bras du banquier avec une bastos bien placée dans le coude. Tranché net. Avec ce genre d’armes tu peux exploser les murs, d’un autre côté.
Ce petit lâcher de lest m’a permis d’accélérer et de mettre une bonne distance entre les flics et moi. Même si leurs caisses sont rapides, elles sont aussi lourdes et peu maniables. Alors que moi, en manœuvrant bien, je pouvais passer dans des rues plus étroites. Le véritable problème était les drones. Ces saloperies ne me lâcheraient pas facilement, du moins tant qu’elles seraient en état de fonctionner.

Reprenons donc. Je sors mon arme une seconde fois. Impossible de viser, bien entendu. A la vitesse où je vais si je me retourne je me plante. Et ça m’embêterait pas mal. La beauté est rare dans ce monde, ce serait dommage qu’une belle gueule comme moi disparaisse, crashée contre un mur dans cette ville puante. Du coup je me contente de bien observer leurs reflets dans le rétro. Ils sont trop loin pour que je les aie au flingue. Mais j’ai d’autres ressources. J’appuie sur un petit bouton rouge sur le guidon de mon engin et entends le déclic attendu. Environ deux secondes plus tard, une explosion retentit derrière moi, suivie par des bruits de voitures accidentées et de drones en dérive. J’en profite pour sortir mon portable de ma poche et prendre une petite selfie. Je suis satisfait. Finalement l’idée d’installer un lance-grenade sur la moto était une bonne idée, fallait que je pense à remercier Pelecanus quand je le reverrais. C’est-à-dire pas avant longtemps.

Je profite de la confusion ambiante et de la destruction provisoire des drones pour activer le brouilleur de ma moto. Encore un ingénieux dispositif inventé par Pel’. J’ai pas tout compris, mais apparemment ça envoie des ondes qui perturbent les machines et les caméras. L’ennui c’est que ça ne dure pas très longtemps. Mais c’est suffisant pour que je regagne l’Abri en quatrième vitesse. Je mets le turbo, m’engage dans un des nombreux quartiers désaffectés de la ville et entre dans un parking souterrain. L’endroit est obscur, humide, puant et parfaitement glauque. Pas vraiment l’endroit idéal pour un beau gosse comme moi mais j’ai l’habitude. Je descends de la moto et la pousse vers le fond du parking. L’odeur d’urine est tellement forte qu’elle en devient presque solide, c’est à gerber. Je me demande ce qu’ont encore foutus Moyno et Dodo.
Arrivé face au mur, je place ma main sur une flaque de liquide verdâtre non identifié qui dégouline du plafond. Un petit bruit se fait entendre et un pan du mur s’écarte, découvrant une porte tout juste assez large pour que je puisse faire entrer mon véhicule. A peine suis-je entré que le mur se referme sans émettre le moindre son.
Je me retrouve donc dans un couloir sombre. Je continue d’avancer sans me soucier des quelques rats qui galopent au-dessus des canalisations, je les connais bien. Ils ont même des surnoms, pour la plupart. Les animaux sont rares en ville, alors j’ai pas la foi de les tuer.
Au bout d’une centaine de mètres dans l’obscurité quasi-totale, j’arrive dans une grande salle de réunion. Deux types jouent aux cartes dessus. Un autre bouffe un sandwich en lisant l’un des nombreux torchons du gouvernement : L’Œil. Des voix s’élèvent de la pièce d’à-côté.
En me voyant rentrer, un des gars qui jouent aux cartes se lève et me salue avec entrain. Je pose ma moto contre le mur avant d’aller les voir.

-Dodo, content de te voir ! dis-je au grand gaillard qui m’a salué.
-Salut Lynot ! Alors, t’as la valise ?
-Ouaip.

J’agite l’objet de ma quête sous ses yeux, faisant voltiger quelques gouttes de sang du bras coupé.

-Euh… Pourquoi y’a un bras menotté à la valise ?
-J’t’expliquerai. Ca va Moyno ?

Le second joueur de cartes me sourit d’un air béat. Il tient un joint dans sa main droite et un as de pique dans la gauche. Je lui vole le pétard.

-Je peux savoir ce que c’est, jeune homme ?

Il éclate de rire, moi aussi. Je tire quelques barres dessus et le lui rend en souriant. De la came pareille ça ne se refuse pas.

-Oh, Lynot. Aquila a envoyé un message. Il dit que tu dois lui envoyer les documents au plus vite. me fait savoir Moyno
-Il veut que je les lui envoie comment ?
-Comme d’hab.
-C’est pas risqué ?

Il hausse les épaules et tire une grosse latte sur son joint. C’est vrai que la méthode habituelle n’est pas plus risquée que les autres, au final. Je me dirige donc vers la volière, valise à la main.

La volière est en fait une sorte de grande cage où vivent quelques pigeons. Pas la méthode la plus moderne pour envoyer des messages, mais sans doute la plus sûre à l’heure actuelle. J’ouvre la valise à l’aide d’un couteau militaire posé sur une table proche et jette un œil aux documents. Que des infos sur des transactions financières, bizarre… Je tapote le fond de la valise, ça sonne creux. Le bon vieux coup du double-fond. Je l’enlève.

Un bruit assourdissant retentit et une douleur atroce me lacère le visage.


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