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L'Apostolat des Oiseaux


Par : Loiseau
Genre : Science-Fiction
Statut : C'est compliqué



Chapitre 2 : Une règle pour ne pas s'avilir


Publié le 02/12/2013 à 22:07:15 par Loiseau

[c]Vellere

Une règle pour ne pas s’avilir
[/c]


Le village est en ruines. De la fumée s’échappe des fenêtres brisées des maisons et des immeubles. Les routes de goudron sont défoncées, de lourds poteaux électrique d’acier y gisent, çà et là on peut apercevoir des morceaux de cadavres. L’odeur est insupportable, mélange de chair brûlée, de goudron chaud, de sang et de peur. Nous arrivons après la bataille, mais mes petits vautours commencent déjà à fouiller les alentours en quête de quelques trésors. Ils font leur travail, en somme. Pour ma part j’inspecte les environs dans un but précis : retrouver le clan qui a fait tout ça. Il a envahi notre territoire et doit être puni. Et si ce n’est pas un clan mais les Dirigeants et bien… Il n’y a pas grand-chose à faire. Néanmoins quelque chose me pousse à croire qu’il s’agit plutôt d’une des milices Berbères qui rodent dans cette zone du désert. La méthode de pillage leur ressemble : destructions massives des habitations, enlèvements, peu de meurtres. Ils viennent surtout chercher des êtres humains pour le commerce d’esclaves, particulièrement florissant ces derniers temps. Le commerce d’organes, aussi. Bref, toutes sortes de choses terribles et parfaitement normales et courantes dans ce monde dégénéré.
Mon regard se pose sur un vieil immeuble encore à moitié en flammes. J’imagine que les Berbères n’ont pas enlevé tout le monde et qu’ils en ont laissé brûler un grand nombre. J’ôte mon masque en forme de crâne de vautour et essuie la sueur qui coule de mon visage. La chaleur du désert est déjà étouffante, mais les flammes n’arrangent rien. Un de mes hommes s’approche de moi et m’informe qu’un petit groupe de pillards Berbères a été repéré au Sud du village. Je lui demande de m’y conduire au plus vite. Si nous arrivons à faire des prisonniers, nous pourrons obtenir des informations sur leur clan. La traversée du village nous prend une dizaine de minutes. Je ne me presse pas trop, je sais que mes hommes doivent déjà les avoir en joue depuis les hauteurs. S’ils nous repèrent et cherchent à s’enfuir ils seront abattus ou neutralisés en quelques secondes.

Le groupe est en train de festoyer dans un creux en bordure du village, autour d’un petit feu, dévorant probablement les provisions du village. Pendant un court instant j’hésite à les faire abattre de loin… Corbin et Corax n’auraient pas hésités, mais je n’ai pas les mêmes méthodes. Alors que je m’apprête à donner l’ordre de les capturer un cri me fait tourner la tête.

A cent mètres de là, trois de mes hommes ont saisi une fille par les bras et cherchent visiblement à la violer. En voyant ses vêtements colorés je réalise qu’elle appartient sûrement à nos amis en contrebas. Une prisonnière donc. Je rabaisse mon masque sur mon visage et court dans leur direction. Les hommes ont déjà réussis à mettre la fille à terre et l’un d’entre eux défait fébrilement sa ceinture. Alors qu’il baisse son pantalon jusqu’à ses chevilles et que la fille se débat furieusement en poussant des hurlements, je tire un coup de pistolet en l’air.
Les trois types s’arrêtent et se tournent vers moi. L’un d’entre eux me salue d’une manière très militaire, les deux autres ne font rien. Celui qui a le pantalon baissé me regarde d’un air furieux.


-Messieurs… Il me semble avoir donnés des ordres avant l’inspection du village.


Les gars ne me répondent pas. Celui qui m’a salué a l’air particulièrement gêné. La fille n’ose pas se relever, elle reprend peu à peu son souffle et tente de rassembler ses vêtements déchirés. Elle ne doit pas avoir plus de vingt-cinq ans mais son visage, pourtant joli à l’origine, est déjà usé par les violentes rafales chargées de sable et de sel qui soufflent en permanence sur ce désert. La peau sombre de ses bras est marquée de cicatrices rosâtres, signe qu’elle est une guerrière… ou une esclave. Néanmoins la lueur farouche dans ses yeux semble nier la seconde option.


-Quels étaient ces ordres ?


Malgré l’aspect rhétorique de ma question j’attends une réponse. Il est parfois important de prendre les soldats pour des enfants : des êtres dépourvus de logique, voire d’intelligence.
Celui qui m’a salué, un jeune gars blond à l’aspect frêle, ouvre la bouche.


-Pas de meurtres de civils, pas de viols, pas de destruction superflue.


Je hoche la tête. Ce blanc-bec a l’air terrifié. C’est étrange, car je ne suis certainement pas le leader le plus tyrannique ou violent de l’Apostolat. Mais peut-être ai-je la réputation d’être le plus imprévisible, en dehors de Lynot.

Les deux autres ont l’air d’hésiter quant à la démarche à suivre. Ils doivent se sentir privés de leur dût. Le gros au pantalon baissé m’adresse d’ailleurs un reproche en ce sens.


-Mais, Vellere, c’est une Berbère, pas une civile !

-Le viol est interdit. Sur qui que ce soit.

-Eux ne s’en privent pas !

-C’est exactement pour cela que j’ai mis en place cette règle. Pour ne pas s’avilir.


Il émet un bruit dédaigneux et crache à mes pieds, puis se repenche sur la fille épuisée qui me lance un regard de supplication. Sa prière muette ne reste pas sans réponse puisqu’un second coup de feu résonne. Cette fois-ci je n’ai pas visé en l’air mais dans le dos du gros. Il tombe à genoux, la poitrine perforée. Une fine colonne de fumée s’échappe du trou qui orne son cadavre. La fille tremble de tous ses membres, le blanc-bec est devenu livide, à la limite du diaphane, et l’autre type se contente d’afficher un air renfrogné. Je le connais lui. C’est un bon guerrier. Taciturne mais efficace, je suis assez déçu de le voir s’abaisser ainsi…


-Bien… Maintenant que ce problème est réglé, vous allez ligoter solidement, mais sans brutalité inutile, cette fille. Puis vous l’emmènerez dans le bâtiment qui tient encore debout, là-bas.


Je pointe du doigt ce qui avait dû être une école, autrefois…
Les deux hommes hochent la tête en chœur et s’empressent de m’obéir. Le regard de la Berbère s’est voilé. Elle s’imagine sans doute enchaînée et torturée dans une base souterraine. C’est malheureusement ce qui risque d’arriver. Je fais volte-face et retourne près du creux où s’amusent toujours les Berbères. Ils n’ont pas entendus les coups de feu, parfait. D’ici quelques secondes, ce petit groupe d’une dizaine de pillards se retrouvera encerclé par une bande de sauvages armés jusqu’aux dents qui ne leur laisseront pas d’autres alternatives que se rendre ou mourir. J’espère pour eux, et pour moi, qu’ils feront le premier choix.


Ma main s’élève vers le ciel et lorsque j’abaisse le bras je me sens comme un dieu envoyant ses anges punir les mortels.


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