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Révolution!


Par : Conan
Genre : Action
Statut : Terminée



Chapitre 51 : L'Interview


Publié le 30/08/2011 à 22:08:20 par Conan

L'eau, c'est la plupart du temps efficace pour nettoyer tout un tas d'immondices. Mais quand celle-ci ne fait que renforcer la crasse en faisant macérer des corps dans leur jus de sang et de terre, le niveau d'hygiène baisse considérablement et rapidement. Le QG Américain n'est plus qu'un amas de boue et de ciment trempé par une pluie torrentielle qui n'en finit pas de tomber sur nos pauvres têtes depuis la veille au soir.

Assis sur les restes d'un bunker, je regarde lascivement des centaines de partisans sortir des macchabées des tranchées et les trainer jusqu'à un immense charnier où l'on compte nos morts et les leurs On en est déjà à 220 morts, tous bords confondus. D'autres récupèrent des armes encore aptes à servir et s'occupent à les nettoyer et les stocker.

Ritchie finit d'établir un périmètre défensif autours de la zone. Jack quant à lui est parti en reconnaissance plus loin vers le Nord. Selon son dernier point topo il est déjà à plus d'un kilomètre de là, sans aucune résistance pour tenter de le stopper.

La plupart des chaines de télévision ont cessé d'émettre, et celles qui sont encore actives se préparent à nous accueillir au pouvoir. Il semblerait que nous ne soyons plus des terroristes mais que nous avons eu l'immense privilège d'accéder au rang de révolutionnaires depuis que l'info de la prise de contrôle du QG Américain eut été confirmée. Ce ne sont pas leurs veuleries et leurs flagorneries qui les sauveront.

Lézard, bras en écharpe, vient à ma rencontre :
-Chef.
-Lézard... Qu'est-ce que t'y a fait à ton bras?
-Oh rien, juste un pauvre con qui a eu la bonne idée de me planter. Et vous, vous avez pas l'air das votre assiette.
-Mon bras aussi a morflé. Une balle de 9 para.
-Ça ira?
-Comme toujours.
-Et votre parka?
-Qu'est-ce qu'elle a ma parka?
-Elle est bonne à jeter, j'en voudrais pas comme torchon.

Il a raison, je ne ressemble plus à rien. Ma veste est lacérée de partout, couverte de saletés. Et je ne parle pas de mes mains et mon visage, trois bains ne seraient pas suffisants pour totalement me décrasser. Ce matin, nous sommes tous dans cet état déplorable. Rares sont ceux qui n'ont pas été blessés pendant l'assaut.
-C'est quoi la suite patron?
Je pose mon doigt sur la carte.
-Hm? L'Elysée, rien que ça?
-Si ils se sont tous carapatés en face, demain matin on contrôlera toute la ville.
-Et les avions? Vous n'y avez pas pensé?
-Les avions? La moitié des régiments se sont mutinés, plus rien ne tient debout et les Américains viennent de se faire battre à plate couture. Jamais ils n'oseront recommencer leurs attaques si on contrôle la capitale, et donc le pays. Toute l'Europe est en effervescence, ils ne se risqueraient pas dans une guerre avec leurs anciens fidèles alliés, surtout quand ces anciens alliés ont du matos de pointe et l'arme atomique.
-Et en attendant?
-On se renseigne, on tâtonne. Voilà des mois qu'on n'a pas refoutu les panards de ce coté-ci de la Seine, on ne sait pas ce qu'il y a précisément en face. Maintenant, il faut assurer notre victoire dans les médias. Je chargerai des cadres de réaliser une vidéo de propagande. Les médias se l'arracheront.

Capone vient me voir :
-Monsieur, il y a deux journalistes pour vous.
-Qu'est-ce qu'ils veulent?
-Une interview.
-Pas le temps.
-Monsieur, si je peux me permettre, vous devriez peut-être les recevoir. Il faut mettre les choses au clair vis-à-vis de la presse.
-Bon... Tu les a fouillés?
-Oui chef.

Je me lève et suis Capone jusqu'aux deux reporters. Une femme et son caméraman, tous deux portant de lourds gilets pare-balles.
-Bonjour. Monsieur Sauvant je présume? Me dit la femme.
-Lui-même. Vous êtes Français?
-Oui, nous travaillons pour LCI.
-L'une des rares chaines émettant encore.
-Les combats ont causé beaucoup de dégâts sur le réseau électrique et sur les bâtiments. Il y a eu des pertes chez les reporters.
-Encore plus chez les partisans. On commence quand?
-Quand vous voulez.
-Suivez-moi, ne restons pas sous la pluie. Capone, tu viens avec nous.
-Oui chef.

Je les conduit dans le sous-sol du bunker Américain et dégage les débris au sol.
-Tenez, asseyez-vous là. Leur dis-je en désignant un siège tandis que je m'installe sur un bloc de béton.
La journaliste s'adresse à son cameraman "c'est bon, tu as réglé l'image?... Le micro ça va?... Et mon maquillage?.."
-On peut commencer?
-Oui, c'est bon. Fais tourner la camera... Bonjour, ici Ève Leclerc pour LCI. Je me trouve actuellement avec Conan Sauvant, celui que beaucoup connaissent comme étant l'un des principaux leaders de cette révolution. Monsieur Sauvant, bonjour. Nous nous trouvons actuellement dans les anciens locaux de l'armée Américaine, en plein milieu de ce qui fut le jardin des Tuileries. Les combats ont-ils été durs depuis le début de la révolte?
-Cela fait quatre mois que nous affrontons tour à tour les troupes loyales au Système encore en place, des mercenaires faisant partie d'agences militaires privées payées par le gouvernement Américain pour tenter d'enrayer la révolte et depuis hier une unité de l'armée Américaine. Nous n'avons pas eu de répit depuis le début du conflit.
-Pensez-vous à la victoire?
-J'y pense depuis le début. Le fait d'avoir réussi à lever une armée d'artisans, de commerçants, d'ouvriers, d'étudiants est déjà une victoire en elle-même.
-Avez-vous conscience du bouleversement qu'a provoqué cette révolte dans le monde entier? Le séisme que ça a été pour les économies et les sociétés de l'Union Européenne qui n'avaient pas connu de conflit armé majeur depuis la seconde guerre mondiale?
-C'était le but.
-Mais justement, quel est votre but? L'Armée Révolutionnaire Française est très vague sur ses causes et objectifs.
-Notre objectif est au contraire très précis : nous voulons libérer notre pays du joug de l'impérialisme capitaliste et de la folie mondialiste qui mène les sociétés vers la ruine spirituelle et culturelle, et nous encourageons tous les peuples de cette planète à en faire autant et à se libérer de la toile que les États-Unis tissent sur le monde depuis le vingtième siècle.
-Vous avez donc une sensibilité plutôt proche du communisme?
-Cela n'a rien à voir avec une idéologie. Sauf si réclamer le droit de vivre en paix dans son pays sans avoir à subir les humeurs du CAC 40 et de Wall Street est idéologique.
-Que reprochez-vous concrètement au mondialisme?
-Le mondialisme apporte la misère et la mort. Chômage du aux délocalisations, flux de population anarchiques, pillage des ressources naturelles, mondialisation de la guerre, les pays moins développés sont humiliés et les droits essentiels de leurs habitants bafouillés, les peuples du monde entier sont sacrifiés sur l'autel de la déesse Dollar. La mondialisation impose aux peuples une manière de penser uniforme et aseptisée et nous transforme en robots adeptes du métro-boulot-dodo, dopée aux icônes Hollywoodiennes et aux antidépresseurs. Nous n'avons plus le droit de nous exprimer, nous n'avons plus le droit de penser, nous avons seulement le droit d'être productifs et de bouffer des plats tout prêts devant la télévision. Voilà contre quoi moi et des centaines de milliers de révolutionnaires nous sommes levés. Nous ne voulons plus subir le diktat des riches et des puissants, partout dans le Monde.
-Vous voulez donc d'un coté une liberté totale pour les peuples du monde entier et de l'autre un système de protectionnisme. N'est-ce pas là contradictoire?
-Ce qui est contradictoire, c'est d'un coté le fait de nous dire que nous devons être fier de nos différences et de l'autre détruire les frontières et mélanger tous les peuples afin de détruire l'identité culturelle des êtres humains et en faire une masse informe beaucoup plus facile à manipuler car partout la même. Quand je vais en Italie, je veux voir des Italiens typiques, admirer la beauté de l'architecture de Florence ou Venise, manger des pâtes et de la pizza, pas me croire au milieu de Manhattan avec tout un tas de barres grises de béton et me goinfrer de hamburgers sur un air de musique pop. Et ça vaut pour tous les pays.
-Vous êtes de conscience plutôt nationaliste alors?
-Bon Dieu, vous faites exprès de ne pas vouloir comprendre? Tout ce que je veux c'est le respect des miens comme chaque personne sur cette terre. A ce rythme là je préfère encore écourter l'interview.
-Bien, oubliez ma dernière question. Que comptez-vous faire en cas de victoire?
-Nous mettrons à la tête de l'État un conseil Révolutionnaire pour reconstruire le pays et renouer des relations diplomatiques avec les pays de l'Union Européenne.
-Et les États-Unis?
-Les États-Unis s'occuperont de leurs affaires, nous nous occuperons des nôtres.
-Et en cas de défaite?
-Pensez-vous sincèrement que nous allons perdre? Nous avons 60% du pays, presque plus personne pour s'interposer face à nous, le pouvoir a été renversé en Grèce et la plupart des autres pays Européens sont en pleine guerre civile. Si malgré tout nous perdons, ça ne sera que partie remise.
-Et vos relations avec le reste du monde?
-Nous resterons ouverts à tous les contacts venant d'autres pays. Prendre un peu de recul sur le monde ne veut pas dire vivre en autarcie.
-Ne craignez vous pas que ce changement radical de position n'amène à un conflit armé?
-Et moi je vous réponds : ne pensez-vous pas que l'on évitera sûrement des millions d'autres morts en changeant de Système parce que celui-ci qui devient franchement gangréné a besoin de céder la place à quelque chose qui répondra mieux aux attentes de l'Homme?
-N'êtes-vous pas un peu trop extrême dans vos prises de position?
-Mon séjour à l'armée m'a permis de m'adapter à toutes les situations que je rencontre. A situation extrême, mesures extrêmes. Croyez bien que si j'avais pu éviter toutes les victimes, civiles comme militaires, de ce conflit, j'aurai eu la conscience moins lourde. Des dizaines d'hommes sont morts sous mes ordres, des dizaines d'hommes sont morts parce que j'ai fait lancer un assaut ou défendre une position, et cela ne m'enchante certainement pas. Ils étaient là, nous étions là, à ce moment la seule chose qui compte c'est de rester en vie. C'est eux ou nous.
-Bien, je pense qu'on a tout. Merci monsieur Sauvant.
-C'est moi qui vous remercie. Je vais vous demander de bien vouloir me remettre une copie de cette interview.
-Pourquoi cela?
-Non pas que je manque de confiance envers les journalistes, mais j'ai peur que certaines séquences ne soient modifiées au cours du montage.


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