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L'Araignée


Par : Conan
Genre : Action, Polar
Statut : C'est compliqué



Chapitre 1


Publié le 30/04/2012 à 18:55:29 par Conan

Il est seul. Seul dans sa veste en cuir noire trop usée par ces années d'errance et de rejet. Seul dans ce Grand Paris. Trop grand pour les hommes comme lui. Trop grand pour les grands hommes, trop grand pour les grandes idées. Comme perdu dans cette rue malfamée aux senteurs exotiques, il marche, de sa grande et large carcasse boiteuse, renfrognée dans sa tenue noire et luisante de gouttes d'eaux. Il s'arrête au milieu de cette rue passante et lève son œil gris vers le ciel pour regarder ces nuages qu'il ne connaît que trop, étouffés par cette épaisse fumée noire crachée par l'usine de boites de conserves qui rend la pluie si acide.

Il passe sa main gantée de cuir noir sur son crâne chauve sur lequel court un talweg creusé de son arcade au sommet de sa tête et pivote sur la droite, se plongeant dans une foule de passants aux yeux bridés, parlant un argot extrême oriental incompréhensible pour le commun des Lutéciens. Son pas lourd et déterminé écarte les passants sur sa route, sa grande silhouette sombre se fraye un chemin au milieu de toutes ces fourmis partant dans tous les sens.

Il s'arrête devant un étal dégoulinant de produits informatiques et fixe le gros vendeur à queue de cheval qui s'affaire à appâter le client et le fixe de son unique œil glacial et sans vie. Sa voix rauque et grave attire l'attention de l'homme.
-Lee.

Le vendeur s'arrête et le regarde. Plus de transaction. Plus de marchandage. Juste sa survie.

Il renverse son étal et part en courant, poursuivi par l'ombre de cette faucheuse. Rattrapé en pleine course, il se retrouve à terre, violemment plaqué au sol et de suite bourré de coups de poings à lui faire saigner le visage entier.
-Nous avions un accord. Lui dit l'ombre, au dessus de lui, le tenant fermement par le col, la pluie sur son manteau dégoulinant sur les jambes du vendeur.
-Je peux pas dire où est Vidal ! Si Vidal le sait, il me tuera !

La faucheuse plonge la main dans sa poche et en sort une seringue qu'il approche lentement de l’œil du marchand.
-Neurotoxine. Toxine agissant directement sur le système nerveux. D'abord, c'est une forte salivation, puis un écoulement nasal important. Ensuite viennent les spasmes, les yeux se révulsent, le corps se met à trembler frénétiquement. Pendant tout ce temps, la victime est encore en vie, et consciente. Puis c'est l'urine et la défection involontaires, les vomissements. Quand la victime baigne dans son jus et tremble à s'en rompre les cervicales, elle meurt. Net. C'est sans appel. Vidal, tu me l'a promis. Je le veux. Si je n'ai pas ce que tu me dois, je me paierai directement sur la bête.

Le vendeur tremble et supplie. L’Araignée reste de marbre, immobile, au dessus de lui. Froid, assassin, sa main gauche sous la gorge du marchand, sa main droite tenant la seringue sous son menton.
-Vidal n'est plus à Paris ! Vidal revient dans trois semaines !
-Plus à Paris ?
-Il est à Bogotá. Grosse transaction ! Quand il sera revenu, je...
-Quand il sera revenu, je le saurais. Parle, et je te tue.

Il le lâche et s'en retourne sur le boulevard.


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