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La Prophétie d'Acier


Par : Gregor, Remedy, Sarezzo
Genre : Science-Fiction
Statut : C'est compliqué



Chapitre 6 : Chapitre II


Publié le 03/12/2010 à 18:22:29 par Sarezzo

Aedan restait impassible devant le plan froissé de la Banque Centrale Planétaire, au centre de verres d’alcool plus ou moins vides qui produisaient encore leurs émanations d’ivresse.
Chaque planète en avait une, portant exactement le même nom, baptisées ainsi par la Confédération par souci d’unité, paradoxalement.

-Je pense qu’après on pourrait envisager de se planquer sur une des cités flottantes, intervint Alejandro en portant son verre à ses lèvres. La plupart sont des cité-États qui ne veulent rien savoir du reste de la planète.
-Sauf qu’il s’agit d’une banque de la Confédération, répliqua Aedan en caressant ses cheveux blonds coupés courts. Cité-États ou non, toutes les Banques Centrales sont sous sa coupe, qu’est-ce que ça change que l’on aille dans une cité-État sans rapport direct avec les autres régions de Messina ?

Alejandro ne sut quoi répondre directement à un tel argument. Il tenta néanmoins d’éluder la difficulté :

-On aura qu’à prendre un vaisseau. Pas un énorme cargo, juste un nous permettant d’atteindre la Terre, fit-il. Là-bas nous serons suffisamment éloignés d’ici pour être tranquilles...
-Tu veux qu’on vole un vaisseau immédiatement après la Banque ? répondit Aedan en haussant un sourcil.
-Nous n’avons pas le choix ! Si on veut se tirer d’ici après on doit avoir un vaisseau, insista Alejandro.
-C’est vrai, concéda Aedan. Mais si nous volons un vaisseau il faudrait prendre en compte plusieurs facteurs contraignants ; d’abord se le procurer suffisamment loin pour ne pas être inquiétés par l’état d’alerte et ensuite trouver un concessionnaire pas trop huppé.
-Vincent et Jim pourront se charger de ça. Ils viendront nous cueillir directement à un point de rendez-vous.
-Il faut voir…

Aedan réfléchissait. Braquer la Banque Centrale. Lumineuse idée en soi, jusqu’à ce qu’on se rende compte de toutes les difficultés que cela posait malgré ce que semblait croire son bras droit. Et il était hors de question pour lui de se faire arrêter, depuis qu’on lui attribuait, à tort, le meurtre de ses parents, Aedan savait qu’il serait condamné à mort si on l’attrapait. La prescription ne venait que cinquante ans après l’homicide, et plus on se rapprochait de la Terre, plus elle se réduisait, jusqu’à devenir une chimère et ce malgré le fait que la majorité des planètes auparavant sous la domination de la Confédération se soient débarrassées de leur statut de colonie.

-D’accord, lâcha-t-il au bout d’un moment. Mais je veux être sûr qu’ils vont y parvenir, alors qu’ils partent maintenant.
-Très bien, répondit Alejandro en tentant de masquer son enthousiasme.

Il quitta la pièce circulaire, laissant Aedan seul. Celui-ci s’enfonça un peu plus dans son fauteuil et resongea rapidement au plan prévu. Lui, Alejandro et cinq autres rentreraient dans la Banque Centrale. Tandis qu’Alejandro se chargerait de vider les coffres, lui et les autres s’occuperaient d’immobiliser les employés. Tant pis pour les agents de sécurité. De toute manière Messina était tellement éloignée du système mère de la Confédération que la Banque Centrale d’ici ne serait qu’une banque de quartier sur Terre. La planète n’avait qu’un intérêt touristique, rien de plus. Il était même étonnant qu’elle ait voulu pousser le symbolisme de sa présence aussi loin.
Puis il resongea au risque de se faire prendre. Bien sûr il avait déjà commis quelques crimes et délits, mais qui touchaient plus du vandalisme, du vol de véhicule et de trafic de drogues, mais il s’était toujours posé dans le cadre de son rôle de gestionnaire, en tant que chef de son gang. À présent il risquait sa propre personne car ils n’étaient pas assez pour tenter une telle opération tandis que lui resterait paisiblement ici, dans ce sous-sol luxueusement décoré, à se tourner les pouces.

Son omoplate gauche le démangea. Il se gratta légèrement mais à peine glissa-t-il sa main à l’intérieur de sa chemise que la sensation disparut. Il tira ensuite un cigarillo ainsi qu’un zippo du tiroir de la table devant lui ; il avait besoin de se détendre avant. Il repensa fugitivement à la raison qui le poussait à faire ça, une vengeance tacite et latente, comme une tumeur qui croissait en dévorant la chair à sa disposition. Sauf que lui risquait plus qu’une tumeur bouffant les entrailles d’une personne.

-Si seulement tout ça n’était jamais arrivé, soupira-t-il en crachant un filet de fumée au plafond.
-Aedan ! lança Alejandro en ouvrant brusquement la porte. Nous sommes prêts!
Il considéra un dernier instant le cigarillo, puis l’écrasa avec nonchalance sur la table.
-Très bien, allons-y dans ce cas.

La Banque Centrale était située en périphérie du centre-ville. À la fois exposée et vulnérable.

-Il n’y a donc que trois agents au total dans le bâtiment ?
-Tout à fait, répondit Alejandro. Ce sera un jeu d’enfant.
-Qu’on en finisse alors, je ne tiens pas à moisir ici toute la journée, maugréa Aedan en réarmant son pistolet à impulsion.

Alejandro hocha la tête et fit signe à leurs camarades.
Progressivement, le groupe se dirigea d’un air détendu vers l’établissement. Aedan ne put néanmoins s’empêcher d’être saisi par l’anxiété. Quelque chose lui disait que tout ne tournait pas rond, malgré les apparences. Il était malheureusement trop tard pour songer à faire machine arrière.
Son omoplate le piqua une nouvelle fois.
Alejandro ouvrit violemment la porte. Les autres s’engouffrèrent rapidement dans le hall, suivis de leur chef.
Et là Aedan comprit.
Vincent et Jim, fiers comme des coqs, accompagnés d’une myriade de représentants de l’ordre, les attendaient patiemment.

-Ne me faites pas l’audace de me dire que c’est pour la prime ? fit Aedan entre ses dents.
-Un peu, concéda Vincent avec impassibilité. C’est surtout pour avoir un coup d’éponge sur notre casier judiciaire combiné à une nouvelle chance, grâce à la prime, qu’on s’est décidés en fait.
Alejandro lui cracha dessus.
-Enfoirés ! s’emporta-t-il en levant son arme.

Aedan ne tenta même pas de l’arrêter. La scène était trop classique, trop répétée, pour qu’il ne sache pas comme les choses allaient se dérouler. À croire que de tout temps il fallait voir ces clichés ridicules s’opérer dans la vie réelle, paradoxalement. La vie était un paradoxe de surréalisme débile.
L’un des agents de police tira. Aedan vit parfaitement la poitrine d’Alejandro exploser, répandant os et sang dans un boléro de cris et de fracas. Lui-même savait pertinemment qu’il n’aurait gagné qu’à connaître le même sort en intervenant.
Aedan lâcha son arme et leva les mains. Il fut saisi sans violence, sans parole. Il ne cessait de regarder le corps désarticulé d’Alejandro qui gisait pathétiquement au sol, dans une toile amarante, vestige d’une vie pitoyable et sans issue. Sauf celle qu’on venait de lui donner.


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