Noelfic est temporairement en accès limité.
Envie de discuter en attendant ?
Accédez au SkyChat
Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

La Prophétie d'Acier


Par : Gregor, Remedy, Sarezzo
Genre : Science-Fiction
Statut : C'est compliqué



Chapitre 15


Publié le 16/04/2011 à 22:02:36 par Gregor

Gregor avait demandé au futur Magister la permission de se retirer afin de terminer les préparatifs de sa Conversion finale.
En vérité, le trouble avait germé en son esprit, et lui semblait nécessaire de reprendre pieds dans l'océan des possibles qui soudain le submergeait.
Aedan n'était plus comme avant. Mac Mordan sentait que le Dieu-Machine avait pris possession de son nouveau Serviteur, le plus noble des Hommes puisque rempli de la confiance et du sang des Magister Oddarick et Kris.
La froideur de son discours, au delà des processeurs vocaux de la Sainte Armure, révélait une animosité froide, une hâte à peine dissimulée de remettre au centre des préoccupations humaines la grandeur du Dieu-Machine. Gregor s'en réjouissait, simplement, le changement d'attitude du jeune homme avait été si rapide, si violente … Cette demande soudaine, ce désir absolu de voir sa chair, cette chair qu'il semblait tant chérir, être écrasée et disparaître sous la puissance de la cybernétique … Oui, ce fait l'avait presque choqué.
Dans le même temps, le vénérable officier se satisfaisait de l'avancement d'Aedan sur le chemin de sa fonction future. Tel que son esprit était devenu, il ne risquait plus grand chose tant pour lui-même que la Confédération. Oui, il deviendrait sans aucun doute un excellent un guide, un chef juste envers ses hommes et fidèles envers ses principes. Un atout conséquent que Gregor savait de son coté, tant qu'il respecterait son besoin de réponses. La jeunesse n'avait pas encore été tué par la Machine, et elle ne le serait probablement jamais.
C'est sans doute ainsi que le futur Magister marquerait l'esprit de sa race toute entière.

Aedan n'avait pas souhaité ôter la Sainte Armure. Cela mis mal à l'aise tout aussi bien le chapitre de techno-moines, mandatés pour l’accompagner jusqu'à la salle d'intervention où devait avoir lieu sa Conversion, que Callum et le corps militaires des cyborgs qui ne savaient pas comment réagir face à un tel comportement.
Un silence pesant écrasait l'assistance, à peine rompue par les ordres rapides et les prières rituelles, courtes et sèches, que les dévots du Dieu-Machine adressaient pour la bonne conduite du processus. La préparation minutieuse de la Conversion suivit ce rythme lourd et solennel. Les techno-moines dressaient avec une minutie extrême les outils chirurgicaux, les diverses câblages, les canopes rituels, la table d'intervention, ajustant l'éclairage, les champs de protections de l'environnement … Le ballet reflétait une beauté propre, la masse grouillante de la vingtaine d'individu se hâtant à une cause commune représentant cette dévotion soudaine envers le Magister qui se manifestait si vivement.
Le silence qui régnait jusqu'alors sembla d'un coup appuyer un peu plus sur la cinquantaines d'individus qui s'étaient rassemblés. La valse mécanique avait cessé, ne laissant plus qu'Aedan face à Gregor, le plus haut officier du camp et le seul Techno-Primat du Sanctuaire.
Sans un mot, il avait invité son maître à s'installer sur la table, engoncé dans la Sainte Armure. Gregor leva les bras vers le ciel, et d'une voix forte prononça :
- Que la chair périsse face à la puissance de la Mécanique !
Une fiche de connexion surgit de son poignet gauche, et il la planta dans le poitrail de la Sainte Armure. Le bruit de l'acier transperçant la chair filtra faiblement, et Aedan eut un léger spasme. L'Armure s'ouvrit doucement, révélant un corps transpercé par une multitude de tiges en acier, condamnant à court terme le jeune homme.
- Que le Dieu-Machine et son Saint Savoir vienne en aide à cet Homme et qu'il le Convertisse à ses lois. Ainsi il en a été décidé.
Les techno-moines se pressèrent autour d'Aedan leur mains d’airains s'étaient transformées en de monstrueuses griffes, pinces et lames, découpant en un mouvement coordonnés ce qu'il lui restait d'organique. En bruit mous, les entrailles se répandirent et se regroupèrent, plongés dans des canopes qui suintèrent rapidement d'un sang épais. Les os du bassin et des jambes, la musculature de ceux-ci suivirent le même chemin. Tiède, une puanteur enivrante plongeait la scène dans la réalité de l'horreur, dans la finitude absolu de l'Homme, dans la vanité de son existence tant qu'il demeurait solitaire.
Et puis, tel le rayon de soleil déchirant la ténèbre hivernale, le sang fut nettoyé, laissant place aux attributs mécaniques qui appuieraient le pouvoir temporel du Magister. On plaça un générateur là où se trouvait son cœur désormais ôté, on emplit son tronc de mécaniques et de câbles divers, on referma l'espace désormais plein par un savant assemblage de plaque et de vérins. Ses jambes frêles n'étaient plus, on introduisit à leurs place des armatures bien plus puissante, qui rehaussaient sa taille et renforçaient encore un peu plus son endurance comme son aura de puissance.
Tout cela n'avait pas pris plus d'une heure. Lorsque la table se redressa, il ne restait plus d'Aedan que la partie intacte de son visage et son cou, quoique améliorés par divers implants et câbles. Ses deux yeux, cybernétiques, luisaient de l’éclat glaçant du verre et du métal unifiés, regard divin qui perçait le mensonge et la vérité. Tout son corps traduisait cette attitude, si éloigné du commun des mortels, tandis que le cliquetis des mécanismes et le chuintement discret des hydrauliques animaient l'espace et le temps en une symphonie complexe, où il se tenait à la fois comme le chef d'orchestre et le soliste.
Aedan avait vécu en temps qu'Homme. A présent, sans que mot ne fut échangé, il devenait l'ultime Magister. Le Sauveur de Mondes.
Gregor Mac Mordan et Callum Mac Graegor s'étaient alors agenouillés d'un même mouvement, leur attitude empli d'une déférence sincère, murmurant entre leur dents, l'oeil embué de larmes :
- Gloire au magister Aedan. Gloire à lui et au Dieu-Machine, et qu'à tout jamais nous soyons leurs fidèles Serviteurs.

Gregor avait facilement accepté de redevenir l'officier soumis corps et âme à un maître de plusieurs millénaires son cadet, mais dont la conscience avait soudain eut accès à des formes de vérités que lui même ne pourrait jamais appréhender. Son esprit vivace et acéré avait à nouveau séduit le jeune chef, qui lui renouvelait sa confiance quand à la procédure à tenir pour remettre la Terre, centre du monde connu, au cœur des préoccupations confédérées.
Callum s'était montré malin, audacieux, et avait pris la parole face au magister.
- Et pourquoi ne pas simuler une guerre civile, monseigneur ?
La justesse de son argumentation résonnait avec vigueur sous la voûte monumentale des quartiers du Techno-Primat.
- Oui, c'est une solution envisageable, Commandus. Mais concrètement, ajouta Aedan, que proposez-vous ?
Callum se reprit, faisant apparaître un hologramme.
- Faire migrer les troupes stationnées en France vers l'Italie et l'Espagne, par une pseudo guerre civile que nos hommes pourraient déclencher sur le terrain. Alors pour vous, il serait simple d’atterrir, de vous placer en pacificateur et de réclamer, au nom de vos ancêtres et de la Loi de la Confédération, le siège qui vous est dû.
Le Magister demeura pensif de longues secondes, jugeant la nécessité d'un tel plan. Dans un sens, cette manœuvre était infaillible. Le régent ne pourrait que se plier à la volonté du Dieu-Machine. D'un autre coté, réclamer son pouvoir par la guerre alors qu'il ne souhaitait incarner que l'unité de la race humaine le dérangeait profondément. Même s'il n'hésitait plus au moment où son choix fut connu, une trace amère demeurait sur sa conscience.
- Alors qu'il soit ainsi, Commandus Mac Graegor. Que la Terre et la Régence connaissent à présent l'émissaire du Dieu-Machine.
L'officier ne s'était pas fait prié, et après une révérence raide, s'était éclipsé pour commencer à lancer les ordres d'une mission qui durerait de longues semaines.
Aedan demeurait irrité, dérangé par quelque chose qui lui échappait.
Peut-être, à cet instant, pressentait-il l'horreur du drame qui se nouerait bien après son arrivée sur Terre ...


Commentaires