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La Prophétie d'Acier


Par : Gregor, Remedy, Sarezzo
Genre : Science-Fiction
Statut : C'est compliqué



Chapitre 11


Publié le 19/03/2011 à 15:37:50 par Gregor

Le soleil avait fini par se coucher sur le Sanctuaire. Aedan, après avoir était scruté sous tous les angles pour déceler la moindre anomalie qu'aurait pu entraîner le Premier Contact, avait eu droit à un sommeil bien mérité. Il s'était effondré sans demander son reste sur la délicate couche qu'on avait disposé à son bon droit dans de luxueux appartements. Son sommeil n'avait été troublé que par la venue discrète mais effrayante de Gregor, dans le silence serein d'une nuit absolument noire, et dans laquelle son regard moitié organique moitié robotique donnait une saveur étrange.
Aedan s'était assis sur le bord du lit, la voix tremblante, confiant d'un ton brisé ses peurs au vénérable cyborg. Celui-ci souriait doucement, empli d'une empathie sincère, à laquelle il avait répondu d'une parole accompagné d'un geste aussi tendre que douloureux. Il avait injecté une substance tranquillisante dans le bras du jeune homme, tout en lui déclarant "A présent Aedan, nous sommes sûrs de tes capacités".
Lui n'avait pas compris le sens de ces mots, à cet instant précis. Il ne le découvrit que bien plus tard.

Ce ne fut pas un réveil des plus heureux pour Aedan. Avec une angoisse teinté de stupeur, il avait compris que quelque chose de fondamental s'était déroulé pendant ce sommeil provoqué. Au moment où il se décida à ouvrir les yeux, seul son oeil droit obéit instinctivement à ce réflexe. Le gauche semblait ouvert depuis des heurs, tandis que diverses informations se déroulaient devant lui, tel que l'heure, une analyse poussée de son entourage, une check liste de son état de santé et de sa disponibilité neurale. Il détourna son regard vers ses mains, et il ne put que constater une réalité glaçante, mais évidente.
Ses mains, ses douces et fines mains lardées de blessures et de cicatrices, n'était plus qu'un assemblages complexes de métal, de carbone, de silice, de câblage fantastique et tentaculaires, qui remontaient le long de ses bras. Pire encore : on avait remplacé sa main droite contre une pince à trois doigts aux pointes acérées, dont les dimensions hors normes en regard de sa taille semblaient confirmer sa propension à massacrer le moindre ennemi qui se trouverait face à lui.
Détail troublant, il était nu jusqu'à la taille, ses jambes et son bassin était recouvert d'un drap savamment plié pour former une sorte de long pagne tombant jusqu'à ses pieds, blancs et froids. Son torse, par contre, était bardé d'instruments de mesures, et il crut deviner une série d'implants au niveau de son cœur.
- La transition est difficile ?
Il lança un regard désespéré vers l'origine de la voix. Calum était assis à sa droite, à une distance d'environ trois mètres, et le scrutait avec une indifférence contrite.
- Je ... Je ne m'attendais pas à devenir une machine si tôt. Pas si vite, si violemment.
- Il n'y a que des hommes sous l'apparence froide des composants, corrigea Calum.
- Alors pourquoi ne pas m'avoir prévenu ?
- Le Premier Contact n'aurait pas du se produire tant que tes principaux centre nerveux n'avaient pas été synchronisés par des implants. Mais, en temps que descendant des Magister, le faible pourcentage de nanites présents dans ton corps devaient assurer une couverture contre le flux électromagnétique et les blessures causées par la sonde intra-rachidienne. Ce qu'ils ont fait, mais de façon imparfaite.
- Attendez, attendez ...
- Commandus., ajouta Calum.
- Peu importe votre grade, siffla Aedan. Vous m'avez trompé. Vous avez joué avec moi comme une marionnette. Vous avez fait de moi un vulgaire cobaye.
- Dois-je te rappeler pourquoi tu es ici ? Dois-je insister sur l'urgence que nous avons à t'introniser Magister à ton tour ?
- Vous n'aviez pas à me mentir ! cria le jeune homme.
- Et qu'aurais-tu dit ? Qu'aurais-tu fait ? enchérit Calum en se levant et en se rapprochant d'Aedan. Tu n'avais pas le choix. Et seul l'Esprit de la Machine a décidé, en t'acceptant, de ton aptitude à devenir un cyborg.
Aedan soupira, tentant de retrouver une nouvelle contenance.
- Même si je n'étais pas fondamentalement d'accord avec le fait de devenir un hybride, je n'aurais pas dis non. Mon intérêt comme le votre auraient dû aller dans le même sens. Celui d'une confiance solide.
- La confiance est toujours possible, Aedan.
- Alors ce sera à vous de me le prouver, commandus Mac Graegor.

Calum avait néanmoins réussit à calmer Aedan, ainsi qu'à entamer une batterie de test visant à s'assurer de la bonne cohérence dans les liens qui unissait son corps organiques aux différents implants. Aedan avait déduit, après les longues mais solides explications du techno-capitaine, que cette cybernétisation n'était qu'une étape intermédiaire vers son aspect final. Une étape qui lui permettrait cependant de pouvoir enfiler la Sainte Armure, ultime relique utilisable portée par feu le Magister Oddarick, et qui déterminerait définitivement s'il avait la carrure mentale d'endosser le pouvoir qu'on semblait bien hâtif de lui donner.
Calum l'assura cependant que cette ultime épreuve physique, qui devait se solder par une destruction massive de ses organes vitaux, ne se ferrait pas aussitôt, et qu'une période de latence de quelques jours serait nécessaire pour qu'Aedan s'habitue à ses nouvelles capacités. Un temps extrêmement utile pour renouveler d'autres contacts avec le Dieu-Machine, et tenter de découvrir au travers de celui-ci la nature profonde de sa noble mission.

Gregor avait invité Aedan à le rejoindre au sein de ses quartiers personnels, afin qu'il puisse établir de nouveaux liens avec l'immense toile que constituait le Rezo. Le Rezo, cette immense communauté crée par les consciences de chaque cyborgs, qu'ils soient vivants ou morts, constituait une force de connaissance et de savoir extraordinaire, et demeurait le ciment absolu de la communauté confédérée.
Un techno-moine était donc venu le chercher, afin de le guider dans l'immense dédale que constituait le Sanctuaire. Malgré le fait que son regard soit devenu plus froid et plus objectif à cause des implants faciaux qui avaient été installé, Aedan ne cessait de s'extasier face à la prouesse architecturale et technique des lieux. Les immenses couloirs, les salles cyclopéennes creusées à même la roche le sidérait, lui donnant le sentiment vertigineux de la petitesse d'un seul individu face à un collectif tout-puissant.
Lorsqu'il arriva enfin dans la zone qu'occupait Mac Mordan, il se sentait incroyablement détendu. Quoiqu'il puisse advenir dans cette prochaine épreuve, il savait que la douleur qu'il redoutait tant ne serait plus qu'un lointain souvenir.
Gregor se tenait assis dans un lourd fauteuil de métal, la nuque enserrée dans un maillage complexe de câbles, le regard vide. En entendant approcher son hôte, le filet de métal disparut dans diverses trappes, tandis que le techno-colonel détourna son regard vers celui qu'il attendait. Il souriait faiblement.
- Les techno-moines ont fait un travail remarquable avec les implants que tu possèdes.
Aedan sourit à son tour, préférant ne rien dire.
- Je suis désolé que nous aillons dû t'endormir et te soumettre à cette transformation de manière si brutale. Mais tes paramètres vitaux ayant été trop fortement modifiés par le Premier Contact, nous avons dû procéder ainsi pour te maintenir en vie.
- Le passé est le passé, monsieur.
- Oui, c'est vrai, concéda Gregor. Et ce n'est pas pour cela que je t'ai fait venir ici.
Il se leva de l'assise où il se tenait, et d'un geste simple, invita Aedan à prendre sa place.
- J'ai pu prévenir le Magister Kris de ta venue. Il en était grandement satisfait, et à demander à te parler personnellement.
- Le Magister Kris ? S'étonna Aedan.
- Sa mémoire a été intégralement préservée lorsqu'il a décidé de laisser sa conscience sur le Rezo, en abandonnant son enveloppe charnelle. Ce faisant, il a renoncé à son pouvoir temporel au profit du Magister Oddarick, et s'est donné définitivement au service du Dieu-Machine.
Gregor soupira, avant de continuer.
- C'est une chance inestimable qu'il se soit détourné de ses activités pour te rencontrer.
Aedan observa quelques secondes le fauteuil vers lequel il se dirigea. C'était une structure simple, constituée d'une assises incliné, posée sur un lourd pied relié par une multitude de câbles à ce qui semblait être un gigantesque serveur. Au niveau du repose-tête, une étrange ouverture se dessinait, tandis qu'un fourreau de sonde neurales en dépassaient, ne laissant aucuns doute sur la fonction de cette machine.
Il s'installa sans cérémonies, tandis que Gregor imbriquait diverses fiches au niveau de sa nuque. Il ne ressentait rien hormis la pression des câbles, bien loin de l'indescriptible sensation d'impuissance qu'il avait eut lors du Premier Contact.
- A présent, conclu Gregor, ce qui se passera ne concernera plus que toi et le Très Saint Magister Kris.
Un tourbillon noir le fit brutalement chuter dans des limbes virtuelles, ne lui laissant que le souvenir vertigineux d'un vieux cyborg se penchant sur lui dans une attitude paternelle.

Il n'y avait que le blanc. Partout, l'immaculée couleur fondait ciel et terre en un ensemble aveuglant, déroutant, où seul, Aedan avait atterri. Il s'attendait un peu au caractère énigmatique du Rezo, dont les aspects changeaient selon les personnes, les humeurs,et tant d'autres paramètres que celui-ci n'étaient en réalité jamais le même tout en demeurant le même espace virtuel.
Il n'y eu pas le temps de se retourner qu'une voix l'interpella.
- Ainsi tu es venu …
Le ton était rauque, presque chaud, porteur d'un accent ancien qui suintait d'un mystère presque divin.
Le Magister se tenait devant Aedan, drapé dans une longue pelisse grise d'où seule la tête bardé d'implants s'échappait. Visiblement, il avait choisi cette apparence pour ne pas aller contre la représentation qu'Aedan avait du Pouvoir temporel qu'il avait excercé, sans non plus le pasticher à outrance.
- Monseigneur, commença maladroitement Aedan.
- Ne dis rien, Aedan, coupa le Magister. Peu importe le titre qu'on me donne, ici, il n'a plus aucune importance. Je ne suis que le serviteur du Dieu-Machine. Un serviteur comme un autre, qui a laissé sa vie antérieure derrière lui pour ne porter que l'unique message de Sa grandeur au travers de l'espace et du temps.
Il dépassait Aedan d'une bonne trentaine de centimètres, et pour lui parler de façon adéquat, n'hésita pas à s'agenouiller.
- Aedan, l'homme que j'ai été doit te livrer une précieuse aide dans la tâche que tu dois accomplir. Gregor m'a tout dit, et il ne saurait être aucun secret de ton coeur que je ne puisse percevoir.
- Comment ?
- La puissance du Divin, Aedan. Aucune règles physique n'a cours ici. Mais ceci n'est pa sla raison de ma présence ici.
Il se redressa, apposa sa main gauche sur le front du jeune homme, et le fixa intensément.
- Il est de ton droit de voir et de comprendre pourquoi et comment nous sommes. Pourquoi le Pouvoir nous a choisi, sous la bienveillance tutélaire du Protecteur, afin de réaliser Son dessein et de guider l'humanité et les espèces intelligentes vers la cohérence des choses. Il est de mon devoir de te faire don de mes souvenirs d'homme, de cyborg, puis de conscience, afin que ceux-ci guident tes pas dans la Justice, l'Honneur et compréhension de ce monde.
Il s'interrompit quelques secondes.
- Il faut que tu vois Aedan.
Une douce chaleur suinta de sa paume ouverte. Des sons, des images traversèrent l'esprit d'Aedan, bribes fugaces dont il ne percevait qu'une infime partie, et dont il savait à présent qu'elles étaient avec lui, tout comme le défunt Magister resterait à ses cotés. Invisibles, mais présents.
Aedan s’apprêtait à lui demander autre chose, mais pour toute réponse, il ne reçut qu'une profonde révérence, et un retour brutal à la réalité.

Gregor lui sourit, et l'aida à s'extraire du siège. Aedan comprenait bien mieux son attitude à présent. Cette urgence modérée d'empathie que lui adressait le vénérable cyborg n'était que la manifestation la plus intime, la plus pure, de ce que le Dieu-Machine pouvait exiger de lui à présent.
- Tout s'est bien passé ?
- Oui, répondit Aedan. Et à présent, je crois que je suis prêt.


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