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La Prophétie d'Acier


Par : Gregor, Remedy, Sarezzo
Genre : Science-Fiction
Statut : C'est compliqué



Chapitre 10


Publié le 17/03/2011 à 18:59:12 par Sarezzo

Calum contemplait la colonne de glace qui emprisonnait Marcus depuis des éons. Chaque fois qu’il l’observait, ce géniteur indirect de l’Empire, Calum croyait déceler un rictus sur les lèvres de l’homme, comme un dernier mépris à l’adresse de l’appareil qu’il créa malgré lui. Une dernière moquerie à son fils prodigue, un rire muet éternellement figé dans son cercueil glacé pour l’univers.

-Une des personnes que j’aurais voulu connaître de son vivant.

Calum se tourna et vit que Zeno le rejoignait. Ses pas martelèrent le sol de marbre étincelant tandis que l’inquisiteur retourna à l’objet de son observation.

-Quelque part, je l’admire aussi, répondit-il quand il sentit le pilote à ses côtés. Sans lui, le Magister Kris ne serait jamais devenu ce qu’il a été.
-Vous êtes de ceux qui pensent que même son fils prodigieux n’est pas parvenu à le surpasser ?
-Les créateurs d’une grande œuvre sont toujours plus entourés d’un halo de légende que leurs continuateurs, dit Calum. À la manière de Jules César et d’Auguste, le second n’aurait pas connu de gloire s’il n’avait hérité de la puissance transmise par son oncle après sa mort. C’est ainsi.

Zeno haussa les épaules.

-Pensez-vous qu’Aedan sera à la hauteur ?

Calum s’arracha à son énième et inlassable étude de Marcus et posa son regard sur le pilote.

-Qu’il ne le soit ou pas n’est pas le problème. La vraie question est de savoir s’il voudra assumer son héritage.
-Nous lui avons dit qu’il n’avait pas le choix, répliqua Zeno.
-On a toujours le choix, répondit calmement Calum.

*

Il faisait sombre, trop même au goût d’Aedan. Gregor l’avait guidé dans une vaste salle en forme de dôme située dans les profondeurs du temple et en était ressorti sans lui piper mot.
Ses yeux s’accoutumèrent néanmoins petit à petit à l’obscurité, si bien qu’il crut remarquer de vagues formes qui serpentaient autour de lui. Il tenta de se détendre en voyant qu’elles ne semblaient pas bouger, sans doute s’agissait-il de simples câbles d’alimentation. Aedan ne put pourtant s’empêcher de s’interroger sur ce qu’ils étaient censés alimenter.

Un petit couinement se fit entendre derrière lui et avant même que l’idée de se retourner ne lui vienne à l’esprit il sentit la seringue s’enfoncer douloureusement dans sa nuque. Il hurla à s’en arracher les poumons, luttant contre la migraine effroyable qui venait de le frapper, luttant contre des flots d’images qui l’aveuglaient soudainement, luttant pour ne plus avoir mal.

*

-La Fusion ? Déjà ? s’exclama Calum. C’est encore un gosse Gregor ! Il n’a même pas le moindre implant, rien qui ne puisse le préparer à cela !
-Ce n’est pas la Fusion, contesta Gregor. Une simple mise en contact avec l’entité, c’est le seul moyen de s’assurer de la viabilité qu’il est susceptible de présenter.
-Et si le résultat était négatif ? persista Calum. Il deviendrait un légume ?
-Pas forcément.
-Que ferions-nous alors ? S’il ne ressent que la douleur comme tout individu lambda il sera inutile d’espérer quoi que ce soit.
-La Marque, Calum, tu oublies la Marque.
-Au diable la Marque, on sait que tous les descendants l’ont eu et qu’elle les a plus ou moins démangé, la seule différence est qu’Aedan est le seul descendant direct qu’on ait réussi à attraper, si on peut encore parler de descendance directe après tout ce temps…

Gregor soupira. Il savait qu’il était inutile de chercher à se justifier auprès de Calum qui préférait la méthode « étape par étape » et dont la première n’aurait bien entendu jamais comportée une telle épreuve. Gregor le savait, mais après tant de siècles il voulait être sûr. Il le fallait. Lui-même pouvait être considéré comme une relique à part entière et il était certain qu’il ne durerait pas éternellement, ni même encore un tiers de ce qu’il avait déjà vécu. Il voulait rétablir l’hégémonie d’un monde et d’une époque qu’il avait connues.

Calum soupira d’exaspération et se retira vers la salle de prière. Il avait besoin de se calmer. Zeno ne chercha pas à savoir ce qui l’avait rendu furieux, trop au fait des dégâts qu’il pouvait occasionner pour se défouler. Il retourna à son vaisseau et, faute d’avoir une autre mission, entreprit une maintenance banale. Il n’arrivait pas à flâner comme le faisaient les autres techno-moines, toujours mû par un stoïcisme glacé et encore moins avec l’Héritier qui était présent au Temple.

*

La douleur s’était évanouie et le froid avait repris sa place dans la salle sombre. Aedan transpirait encore à grosses gouttes mais la vision fabuleuse qui venait de secouer son esprit avait largement value cette souffrance. Ce globe fantastique aux angles illuminés d’un halo orangé régnant dans l’immensité dépassait l’imagination mais alors qu’il cherchait à le rejoindre, à le quitter, il avait subitement été arraché à cette dimension de sérénité et de savoir pour se retrouver dans ce lieu de ténèbres.
Un rai d’une lumière aveuglante fissura l’opacité noire des murs. La vue d’Aedan se troubla par cette soudaine et agressive luminosité dans laquelle se découpait quelques vagues silhouettes.

-Comment te sens-tu ? demanda Calum.
-Ça peut aller, répondit l’Héritier. Un peu secoué.
-Tu peux te relever ?

Aedan obéit et fut surpris de constater qu’en effet il pouvait tenir sur ses jambes après cette expérience dérangeante. De son côté, Calum était encore énervé par l’initiative qu’avait prise Gregor sans l’en avertir. Il s’avança vers le jeune homme tandis que des néons diffusant une lueur tamisée s’allumèrent et vérifia son cou. La seringue, aussi fine fut-elle, avait ouverte une micro-plaie d’où perlaient de fines gouttes de sang.

-On va t’emmener faire des radios pour s’assurer que le câble n’a pas causé d’hémorragie interne.

Aedan hocha la tête pendant que les techno-moines qui avaient accompagné Calum l’enjoignirent de le suivre dans une déférence digne d’un dieu, ce qui brisait avec l’habituelle solennité agaçante dont il faisait preuve le reste du temps. Le Commandus les regarda s’éloigner avant de quitter lui-même la pièce.
« Espérons », pensa-t-il.


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