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Confessions d'un tueur à gages.


Par : Salmanzare
Genre : Action
Statut : C'est compliqué



Chapitre 3


Publié le 29/06/2009 à 23:19:22 par Salmanzare

Je lui donne à peine vingt ans à ce gamin. Et moi qui suis si vieux, trente ans déjà. L'écart ne semble pas si énorme. Et pourtant, il est bien là. Je suis un vieillard. Ces dix ans de séparation représente pour moi toute une vie. Bien plus que ce dont une personne peut rêver de faire.

- Monsieur ?
- Khasar !
- Khasar, vous ne m'avez pas demander mon prénom ?
- En effet.

Je l'observe. Il est mal à l'aise. Qu'est ce j'y gagne à le former ? C'est comme si je me tirais ma propre balle dans la tête. Un suicide...
C'est ça ce que je cherche à faire ? Me tuer moi même par procuration ?

Je ne dois pas y penser. Je vais en faire le meilleur. Ce sera l'oeuvre de ma vie !

- T'as de la famille ?
- Oui, j'ai... commence le gamin.
- Plus maintenant. Plus de famille, plus d'amis, plus de filles dans ta vie. Superflu inutile et sentiments dangereux.
- Et avec vous ?
- Tu peux me considérer comme ta seule famille. Mais je t'interdis de m'appeler Papa.
- Je n'y aurais jamais songé.
- Il va falloir te faire disparaître.
- Comment ?
- Dans un premier temps, tu vas écrire une lettre à ta famille. Tu vas leur dire que tu pars vivre à l'étranger. Plus tard, si ça devient nécessaire. On s'arrangera pour créer une fausse mort.
- D'accord.
- Maintenant, je t'emmène à l'hotel. Il va falloir aussi que tu oublies ce que veux dire « chez soi ».

Je regarde le gamin. Il est anxieux. C'est une toute nouvelle vie qui va commencer pour lui. Je l'emmène à l'hotel. Commande une chambre et paye cash. Règle d'or ! Aucune trace financière possible. Il faut savoir s'effacer complètement. Cesser d'exister pour le monde. Il apprendra. Il le faudra.

Je m'allonge sur le lit. Le gamin arrive vite. Il s'assoit sur une chaise et me regarde. Il reste silencieux. Cela dure longtemps. Il me regarde, dévisage chaque partie de mon corps. Les aiguilles tournent. Tournent. Il continue de me regarder.

J'ouvre un journal et commence à lire. Il me regarde toujours. Avec intensité, sans se lasser. Il est totalement concentré.

-Tu sais gamin. J'ai pris une chambre pour toi aussi. Elle est à côté.
- Je vous l'avais dit que j'y parviendrais ! s'exclame t'il !
- Quoi donc ?
- A être patient. Vous avez céder le premier.

C'est vrai. Je n'ai pas fait attention. Il est prometteur. Il ne demande qu'à faire ses preuves. Combien de temps lui faudra-t-il avant qu'il ne se décide à me mettre une balle dans la tête. Dans combien de temps décidera-t-il que je n'ai plus rien à lui apporter, à lui apprendre... La patience.

- Khasar ? Pourquoi m'avoir accepté comme élève ? me demande t'il.
- J'ai toujours voulu contrôler mon destin. Je compte le faire jusqu'au bout.
- Je ne comprends pas.
- Tu comprendras.
- Quand ?
- Quand tu deviendras véritablement patient. Quand tu n'éprouveras plus le besoin de poser des questions. Quand tu agiras.
- Je comprends.
- Non, tu ne fais que commencer à effleurer le potentiel qui s'ouvre devant toi.
- Quand commençons nous ?
- Tu vois toujours des questions. Il te faudra d'abord apprendre la vraie patience.
- Je le ferais.
- Je n'en doute pas.

Il y a dans ses yeux la fougue de la jeunesse. Le désir de réussir, de me montrer ses capacités. Il attendra. Il faudra qu'il apprenne. Mais aurais-je le temps de lui apprendre. Je joue une course contre la montre. Et la mort joue souvent avec des dés pipés.

- Khasar ?
- Oui ?
- Merci.
- Ne me remercie pas. Je n'ai encore rien fait.
- Comment en êtes vous arrivé à faire ce genre de besogne ?

Un sourire éclaire un fugace instant mon visage. Découvrant des dents acérés. Sourire de carnassier. Ma première fois. Mon premier contrat. On n'oublie jamais sa première fois.

- J'ai commencé tôt. Très tôt. J'avais douze ans quand mon père m'a plus ou moins donné un contrat.
- Douze ans ?!
- J'avais un vieux chien. Agonisant. Il fallait le tuer pour abréger ses souffrances. Mon père ne trouvait pas le courage de le faire. Alors, j'ai pris la décision à sa place. Je me suis levé en pleine nuit. J'ai pris le grand fusil de chasse de mon père. Et je suis allé à la niche. Comment oublier ce regard plein de tristesse ? J'ai posé le canon sur la tête du chien, et j'ai tiré. C'est la seule fois où j'ai pleuré. Je n'oublirais jamais le regard de ce chien.
- Mais ce n'était pas un homme !
- Certains chiens me semble plus humains que certains de mes congénères...

Comment oublier ce regard. Cette première fois. Ce premier contrat. Et ce regard si triste... Ce chien qui attendait calmement sa mort. Comment oublier ?

***

- Vous n'aimez pas les hommes ?
- Je n'aime pas grand chose Docteur.
- Vous vous sentez coupable ?
- On l'est tous.
- Nous sommes ici pour parler de vous, pas pour faire un procès à l'humanité.
- Vous avez raison Docteur, mais il se fait tard : je reviendrais demain.


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