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Le jour où je suis devenu un héros


Par : Salmanzare
Genre : No-Fake, Science-Fiction
Statut : C'est compliqué



Chapitre 3


Publié le 22/08/2010 à 00:04:37 par Salmanzare

Je crois que ce qui dérangeait avant tout Julien, c'était la notion d'enfreindre les lois de la physique. Son cerveau refusait d'admettre qu'on puisse déplacer un point A instantanément non pas sur une ligne physique mais sur une ligne temporelle. Cela allait totalement à l'encontre de ses principes et ses croyances religieuses (mais ça, il ne l'aurait admis sous aucun prétexte et aurait feint d'être un athée convaincu. Sa bible cachée dans son casier me donnait à penser le contraire). Seulement, les réticences de mon ami était bien maigre par rapport à sa curiosité. Voyager dans le temps après tout ! Quel homme pouvait s'arguer de n'avoir jamais imaginé modeler son avenir à sa sauce et s'enrichir grâce à des savoir encore ignorés à notre époque !

- On devrait pas mettre au point un code du voyageur temporel ? osa-t-il enfin demander alors que je finissais de re-brancher un câble et commençait tout juste à entrer les données nécessaires.
- C'est à dire ?
- Interdiction d'interagir avec les nous du futur.
- En même temps, si j'arrive à faire marcher cette machine. Les nous du futur l'ont déjà fait et savent que nous allons les voir. Ils s'attendent donc à nous voir !
- Ca me donne mal à la tête... En plus, ton explication sous-entends le fait qu'on soit revenu à notre époque actuelle par la suite.
- Hum... Il n'y a pas de raison que nous ne puissions pas revenir la seconde après notre départ Julien.
- Je l'espère.

Pendant quelques instants, un frisson me parcourut l'échine et tétanisa mes muscles. Il est vrai que je n'avais guère envisagé la possibilité de l'échec, une notion que j'avais mise à l'écart. Mais là, je réalisais que pendant une infime fraction de seconde, une chose si petite qu'elle était presque impossible à mesurer, j'allais cesser d'exister tout simplement dans le temps et l'espace. La mort pure. C'en était vertigineux de penser que je pouvais m'anéantir moi même en pressant un simple bouton. Je me ressaisis vite, je n'avais fait aucune erreur. J'en étais absolument certain ! Mais mon côté scientifique me poussait à prendre un cobaye, au cas où...

- Nous allons utiliser Pistache !

Et j'eus un regard froid pour la boule de poil endormi sur la pierre froide non loin de nous. Il était bien temps que ce chat nous serve à quelque chose !

- Je pense pas que ce soit une bonne idée. C'est le chat du proviseur tout de même. Je pense pas qu'il apprécierait qu'on le fasse voyager dans le temps.
- Très bien. Tu as raison. Laissons tomber Pistache.
- Content que tu reviennes à la raison.
- Et prépare toi à devenir le premier voyageur temporel ! Tu vas pouvoir faire un gros bras d'honneur à ce naïf de Stephen Hawking !
- Oui... On va prendre Pistache ?
- On va prendre Pistache, répétais-je avant d'attacher la montre à sa patte. On va lui faire un petit bond de 5 minutes dans le futur. Si la montre est désynchronisée par rapport à la notre à son arrivé, je suis un génie !
Et si le chat ne revient pas ?

Que pouvais-je répondre à ce genre de phrase ? Que Hawking avait raison ? Ca me ferait mal ! Surtout au sujet des voyageurs temporels. Alors, j'appuyais fermement sur le bouton d'envoi. L'Histoire était en route ! Pistache scintilla quelques instants et poussa un léger miaulement puis disparut soudainement de notre champ de vision.

- Dans le pire des cas, tu pourras dire que t'as inventé un désintégrateur efficace contre l'espèce féline. Qui sait, ça pourrait intéresser l'empire des chiens.
- Ferme ta gueule Julien.

Cinq minutes ! Nous venions d'envoyer le chat dans le futur et attendions qu'il arrive dans notre présent. Penser cela m'amusait énormément et je m'imaginer déjà tenter de créer des paradoxes. Ce que Julien désapprouverait sur le champ ! Mais Julien n'était pas le génie de l'équipe, et n'aurait donc pas son mot à dire. Le pouvoir total ! Le temps modulable à ma guise ! Si je voulais, je pourrais devenir l'équivalent d'un Dieu. Mais je rêvais juste de réussir à séduire Charlotte. Mais en attendant, je pouvais vous dire que les cinq longues minutes semblaient s'étirer comme de la guimauve. Il m'était insupportable de devoir me résoudre à subir le temps lorsqu'un chat le transperçait de toute part. J'eus alors cette pensée folle, l'espace d'un instant : le chat m'était bien supérieur. Je ne sais pas comment Julien gardait son air si détaché dans un moment aussi important de ma vie ! C'était bel et bien un benêt incapable de saisir ce qu'il vivait, la pitié gagna ma gorge insidieusement mais le dégoût la chassa vite. Tant pis pour lui.

La grande aiguille s'arrêta sur le 12. Et un miaulement suraigu se vit entendre, les poils totalement dressés et les griffes sorties, Pistache courut se réfugier dans le coin de la pièce. Tremblotant de toute part mais indubitablement vivant. Je courus vers lui et l'attrapait par la queue, le chat tenta de me griffer mais je le tenais fermement par le cou. Je saisis la montre avec avidité ! Elle retardait de quatre minutes par rapport à la mienne !

Le chat avait voyagé !

- Dans ton cul Hawking !
- Alors c'est vrai ? souffla Julien.

Je n'arrivais pas à saisir son temps, ni même déchiffrer son expression. Il semblait tellement froid soudainement. Comme quelqu'un dont on venait de détruire toutes les croyances d'un coup et qui se retrouvait les mains pleines de sable fuyant.

- Tu n'es pas un oiseau Julien. Mais tu vas pouvoir devenir un Chrononaute !
- Pourquoi refuses-tu d'admettre la vérité. Je ne voulais pas voler.
- Tais-toi donc ! Ne gâche pas ce moment Julien ! Parfois, je me dis que tu es totalement fou ! Tu devrais sauter de joie à l'idée de ce que nous allons pouvoir accomplir.
- Tu veux juste des bons points en plus. Je sais bien que t'as pas inventé cette machine pour sauver le monde.

Je ne comprenais pas l'attitude de Julien. Il m'énervait de plus en plus à me remettre en cause. Sans doute devait-il me jalouser secrètement ! Lui n'était certes pas un génie et il devait certainement se sentir misérable à côté de moi. Qu'importe ! A présent, j'étais prêt.

- C'est l'heure d'entreprendre le voyage ! criais-je tout en réglant ma montre. Julien s'approcha de la sienne. Non ! Toi tu ne pars pas !

Julien me regarda interloqué.

- C'est mon destin ! Tu ne peux pas me voler ça.

Ses yeux s'emplirent de larmes. Je pressais le bouton et fit un saut de quatre heures vers le futur. Je me sentis propulsé vers l'avant et déchiré de toute part. J'irradiais de douleur, éclairs fulgurants me brûlant la rétine et l'oxygène sembla disparaître. Je tentais vainement de porter mes mains vers mon cou pour aspirer une goulée d'air frais. Mais rien ne passait. Je crus mourir. Puis la terre se retrouva à nouveau en dessous de moi, j'ouvris les yeux doucement.

Je me retrouvais dans une pièce vide. Par là, je voulais dire qu'il n'y avait plus de trace de Julien. Boudait-il à ce point pour ne pas m'accueillir ? Merde ! Je venais de voyager dans le temps tout de même ! Je tournais la tête lorsque je vis l'horreur ! Pistache trônait toujours dans le coin de la pièce mais il était maintenant éventré. Le boyau rose maculait le sol et semblait chercher à se répandre un peu plus loin de la pauvre bête. Comme pour s'échapper du corps organique désormais froid. Je faillis vomir. Je me précipitai alors hors de la cave. Je déboulai dans le grand couloir principal.

Il manquait un mur, donnant vue sur le grand parc et un ciel rouge. Autour de moi des graviers partout et pas un bruit. Le lycée était en ruine ! Je fis quelque pas en avant tout en cherchant une explication rationnelle mais rien ne me venait à l'esprit. Au loin, une ombre s'avança. Je me dépêchais d'avancer vers elle. Qui que ce soit, il en saurait plus que moi !

Le vieux prêtre ! Mais quelque chose n'allait pas. Il me lança un regard. Ou plutôt il sentit ma présence. Ces yeux à présent étaient totalement blancs. Voilà l'anomalie ! Il était aveugle à présent, comme s'il avait vue quelque chose de si terrible que ça lui en avait brûlé sa vue.

- Il est venu le temps de l'Apocalypse !


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