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Déshumanisation


Par : Megakoul
Genre : Réaliste, Sentimental
Statut : Terminée



Chapitre 4 : Première séance


Publié le 05/02/2016 à 14:48:50 par Megakoul

Les bois de Luciennes étaient bien connus des habitants du coin pour y abriter bon nombre de variétés de champignons, sur une surface de près de 8 000 hectares. En plein milieu de ce domaine forestier, se trouvait une petite maisonnette d’à peine quinze mètres carrés de surface, faite de brique rouge et d’un toit en bois. Cet endroit, abandonné par son propriétaire il y a près de 30 ans, était devenu la « propriété » d’une petite bande d’enfants, tous âgés d’une dizaine d’année. Les gamins y construisaient leurs aventures fantastiques, faites de dragons et de sabre-lasers. Tout autour, de magnifiques chênes couvraient entièrement la cabane de la vue des promeneurs. Les enfants pouvaient, à leur guise, crier et chanter sans le moindre risque d’être débusqués par les parents inquiets de ne pas les voir rentrer.

- Tu es bien sûr de vouloir faire ça ici ? questionna Cédric.
- J’ai découvert cet endroit il y a 12 ans, répondit Adam. Notre institutrice, Madame Leclerc, nous avait raconté qu’elle avait aperçu une famille de lapins sauvages dans ces bois. Tu imagines la suite. Mes parents m’ont cherché partout, pendant des heures. Ils ont même appelé la police, dit-il un sourire au coin des lèvres.
- Adam, il faut y aller... murmura Cédric.
- Je me suis caché dans cette cabane en attendant... Et depuis ce jour, malgré les interdictions de mes parents, je suis toujours revenu ici, pour lire, jouer, m’amuser... C’est ici que je l’ai rencontré... souffla Adam.
- Adam, tu devrais...
- Même maintenant, à 22 ans, ça me fais bizarre... coupa Adam, sans faire attention à son ami.

Le visage empreint de mélancolie, Adam ne faisait guère attention aux demandes insistantes de Cédric, qui semblait passablement énervé par la passivité du jeune homme.

- Adam, il vaudrait mieux se dépêcher, suggéra Cédric.

Adam soupira de plus bel, et rentra le premier dans la petite maison de brique. De l’intérieur, cette petite bâtisse paraissait bien moins accueillante. Le temps avait fait salement son affaire. La poussière semblait y avoir élu domicile depuis longtemps, et le plafond de bois menaçait de céder sous la pression de l’appétit des termites. Au milieu de l’unique pièce, se trouvait une vieille table en bois. Une lampe à huile faiblement allumée trônait dessus, à côté de ce qui pouvait s’apparenter à une caisse en métal.

- Tout est là, assura Cédric.
- Merci mon ami, murmura le jeune homme.
- Tu veux que je reste ?
- Non, c’est à moi et rien qu’à moi. Tu peux attendre dehors ? Ca ne sera pas long, demanda-t-il.
- Très bien. Tu es bien sûr que tu veux le faire ?

Adam se contenta de répondre par un timide signe de tête. Cédric sortit de la pièce, et referma la porte derrière lui.

Un murmure étouffé provenait sans cesse du fond de la pièce. Adam prit la lampe à huile, et éclaira le mur du fond. Un homme était assis, sur une chaise, le visage encapuchonné, les mains liées derrière le dossier.

Adam avança difficilement vers son prisonnier et lui retira sa cagoule. Sa réaction était sans appel. Adam avait déjà vu cet homme. Il en était sûr, à la seconde où il posa son regard sur lui. L’homme, à la vue du jeune garçon, essaya tant bien que mal de retirer le bâillon qui l’empêchait de parler – ou de hurler -, mais la corde était efficacement attachée autour de sa mâchoire.

- Alors, maintenant tu vas m’écouter, espèce de fils de pute... balbutia Adam.

Le jeune homme semblait impressionné par la situation dans laquelle il se trouvait. Pour éviter de ne pas perdre pied, Adam inspira un bon coup et reprit la parole calmement.

- Donc, je vais t’expliquer une chose. Je te retirerais ton bâillon, si tu me promets de ne pas crier. De toute manière, personne ne pourra t’entendre ici, assura-t-il.

L’homme acquiesça vivement de la tête. Adam hésita pendant quelques secondes, puis retira la corde de sa bouche. Comme il s’y attendait, son prisonnier se mit à hurler de toutes ces forces. Immédiatement, Cédric ressurgis dans la cabane pour voir ce qu’il s’y passait.

- Adam, il faut le faire taire, supplia Cédric.
- D’accord. Toi, empêche-le de brailler, le temps que je lui explique ce qu’il fait ici.

Cédric pris la corde et mis un terme à la cacophonie.

- Bon, je ne vais pas être long, annonça Adam tout en fixant son martyr dans les yeux. Je veux que tu me dises ou se trouvent les trois hommes avec qui tu étais la soirée du 23 juin de l’année dernière.

L’homme ne semblait pas comprendre la demande d’Adam.

- Le soir du 23 juin 2011, toi et trois autres hommes se trouvaient dans la quinzième rue près du vieux cinéma. Ce soir-là, vous avez croisés trois jeunes personnes et les avez agressés. Une d’entre elle est morte, et l’un d’eux finira sa vie dans une chaise roulante. Tu te souviens maintenant ?

Adam fit signe à son ami de retirer brièvement le bâillon de la bouche du prisonnier. Celui-ci ne dit pas un mot. Son regard le trahi immédiatement. Il regarde un instant Adam, et se mit à parler, d’une voix faible.

- Vous... Vous êtes un flic ? Pourquoi vous me gardez ici, j’ai rien fait de mal !
- Tu mens. Je le sais. Et plus vite tu nous diras ce que tu sais, et mieux ça se terminera pour toi, répondit froidement Adam.
- Vous n’avez pas le droit de me garder comme ça enfermé, j’ai le droit à un avocat.
- Tu te fous de ma gueule, c’est ça ? réagit violemment le jeune homme. Je ressemble vraiment à une putain de flic ?
- Mais vous êtes qui merde... souffla l’homme, visiblement fatigué par sa brutale captivité.
- Je ne t’ai pas parlé de la troisième personne que vous avez agressé cette nuit la, lui murmura froidement Adam à l’oreille.

L’homme ne semblait pas comprendre.

- Il te cherche depuis un long moment, continua le jeune homme.
- Pourquoi ? demanda-t-il peu rassuré. Et t’es qui, putain ? Qu’est-ce que tu me veux ?

Adam se retourna et s’occupait désormais de la petite caisse métallique posée sur la table au milieu de la pièce. Le jeune homme en sortit ce qui ressemblait vaguement à une vieille pince coupante. Adam hésita un moment, se retourna et fixa l’infortuné, lui murmurant :

- Devine.


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