Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Jack, 17 ans, asocial, mais...


Par : Salmanzare
Genre : No-Fake, Sentimental
Statut : Terminée



Chapitre 23


Publié le 25/05/2009 à 12:57:53 par Salmanzare

Je me repasse une dernière fois la main dans les cheveux, puis jette mon chewing-gum. Un peu de courage voyons ! T'es capable de résister à une brute comme Paul, alors c'est pas une petite soirée qui va te faire peur quand même ? Si ? Mauviette...

Je suis là, en train de poireauter devant la porte de l'appartement de Mathilde. J'entends les cris, les rires et la musique. Tant de gens derrière cette porte, et dire que je ne connais qu'une personne ! Pourquoi me suis-je embarqué la-dedans ? C'est tellement plus agréable le quotidien, la routine. Mais si peu de surprise et d'excitation en même temps !

Je sonne. Puis je réalise qu'avec le niveau de musique, il ne risque pas d'entendre la sonnette. Je me mets alors à frapper. Pas de réponses... J'ai deux choix : rester comme un con derrière une porte ou entrer comme un grand. Seulement, je n'aime guère rentrer de cette façon. Je frappe alors une nouvelle fois avec plus d'entrain !

J'attends peut-être deux seconde et la porte s'ouvre soudainement. Explosion de sons. J'ai les sens mis à vif en un instant. Devant moi se tient un petit blond qui chavire et tente vainement de se retenir à la porte.

- T'es qui toi ?
- Jack. Je suis un... Un ami de Mathilde.
- C'est qui Mathilde ?
- C'est la fille qui organise cette fête non ?
- Ah ! C'est elle ? Je sais pas qui t'es mon pote, mais entre ! J'aime bien ta gueule, on va être ami ! Tu veux bien être mon ami ?
- Certainement, même si je suis pas convaincu que tu t'en souviennes encore demain.
- Je te grave dans mon coeur Mec ! On est ami pour la vie ! J'aime bien ta gueule !
- Et moi j'aime bien... Ton haleine...
- Génial Mec ! On va être de super pote. Et tout sera pour le mieux, et ensuite...
- D'accord. Tu me laisses entrer maintenant ?

Il me regarde l'air hagard, perdu dans ses pensées de garçon imbibé d'alcool. Il semble ailleurs et laisse rouler ses yeux. Voyant qu'il peine à articuler et trouver une réponse à cela, je le pousse gentiment.

Je traverse le couloir, avance vers ce qui semble la cuisine. Un couple est en train de s'embrasser passionnément sur la gazinière. La pauvre fille aura mal aux fesses demain. Ils s'arrêtent un instant de s'embrasser pour me regarder passer. Je fais un signe de la main pour les saluer. Le garçon sembler chercher se souvenir de qui je suis, puis ne trouvant pas : il retourne embrasser sa copine.

- Hey !

Je me retourne. Quelqu'un vient d'entrer la cuisine et me pointe du doigt.

- Tu fais quoi toi ?! C'est une soirée privée ! Et je te connais pas ! Alors tu dégages vite fait. Je commence à en avoir marre des squatteurs. Il suffit qu'on mette un peu de musique pour se retrouver avec tous les piques-assiettes de l'immeuble !
- Je suis pas venu les mains vides.

En preuve de bonne foi, je lui montre que j'ai ramené un pack de bière et de quoi grignoter. Il me regarde perplexe. Je n'ose rien dire qui puisse le contrarier. Il fait bien une tête de plus que moi, et ses bras sont énormes. Paul est un minus à côté de lui... Je tente un maigre sourire en lui avançant la nourriture.

- Tu crois quoi ? Qu'il suffit d'apporter de quoi manger pour être invité ? J'ai jamais vu ta tête dans aucune de nos soirées. Et je sais de quoi je parle, j'habite ici.
- Je peux expliquer.
- Y a rien à expliquer. Dégage avant que je vienne te mettre moi même à la porte.
- C'est Mathilde qui m'a invité.
- T'es un ami de Mathilde ?! Fallait le dire tout de suite mon pote ! Entre ! Bienvenu parmi nous. Tu vas voir, tu vas bien t'amuser.
- Tant mieux.
- Je m'appelle Arthur. Mais tout le monde m'appelle Art'.
- Moi c'est Jack.
- Suis moi ! Je vais t'introduire.

Je reste incrédule, le garçon m'attrape alors par le bras et ouvre la porte du salon. La lumière m'aveugle instant. Et Arthur se met à crier :

- Les amis, je vous présente Jack ! Soyez sympa avec lui, c'est mon pote ! Et c'est un gars génial ! Mesdemoiselles, profitez-en : il est célibataire ! Et y en aura pas pour tout le monde.
- Attends Arthur, il y a méprise. J'ai une petite amie et...
- Elle est ici ?
- Non.
- Alors c'est bien ce que je dis, t'es célibataire ! Amuse toi. Si t'as besoin de quelque chose, ou si il y a un problème : viens me voir.
- D'accord mais...
- Ah oui. Les chambres sont en haut. C'est un duplex. Et normalement, tu dois pouvoir trouver des capotes dans tous les tiroirs. Mais pense aux autres, reste pas toute la nuit dedans.
- J'en aurais pas besoin.
- Sors couvert, c'est plus prudent.
- C'est pas ce que je voulais dire. Je n'ai pas l'intention de coucher avec une fille.
- Ecoute Jack. On sait jamais. Demain, tu seras peut-être mort. T'auras fait quoi de ta vie ? Pas grand chose ! Alors profite de chaque instant. Enivre toi de chaque instant et chaque opportunité. Carpe Diem. Fais moi plaisir, oublie ta morale. Demain, quand tu rentreras chez toi : je veux te voir avec un sourire jusqu'aux oreilles ! La nuit t'appartient mon frère. Vis !

Arthur me lâche le bras, embrasse mon front et s'enfonce dans la pièce. Voyageant entre les gens qui dansent, discutent et boivent dans une musique envahissante. Je ne sais pas quoi faire. Je prends ma tête entre les mains et me demandent pourquoi j'ai accepté de venir. J'ai jamais été à l'aise dans ce genre de situation mais quand on ne connaît personne : c'est mille fois pire !

Une fille s'approche de moi et commence à danser. J'esquive ses cheveux blonds qui virevoltent et fais un pas en arrière.

- Salut. Moi c'est Lucie.
- Jack.
- C'est sympa comme nom. Tu viens d'où ?
- De la porte d'entrée.
- T'es marrant toi. Et t'es plutôt mignon.
- Toi aussi. Enfin, t'es mignonne. Je veux dire... Euh... Tu m'as compris quoi...
- Dit-il en ne me regardant même pas dans les yeux !

Je relève le tête gêné. Lucie sourit, et me tends la main.

- Un slow ! T'as plus le droit de partir Jack.
- Je ne sais pas danser.
- Comme s'il y en avait besoin pour un slow.
- Ne t'offusque pas pour un pied écrasé alors.
Comment un garçon comme toi peut-être encore célibataire ? Il y a forcément un défaut ! Un vice caché sans doute ?
- Une mauvaise haleine et un caractère effroyable.
- Je demande à vérifier.

Lucie se penche sur moi et m'embrasse. Je suis surpris. Mais qu'est ce qu'elles ont à toutes vouloir m'embrasser ?! Je n'ose pas la repousser mais retire ma tête doucement.

- Elle est très bien cette haleine.
- Attends de la sentir au réveil.
- C'est une proposition intéressante. Je tenterais bien.
- Je suis désolé. T'es très jolie Lucie. T'es même ravissante mais je peux pas...
- Ah ! J'ai compris ! C'est pas grave. Je comprends. T'aurais du me le dire plutôt. Je comprends où est le défaut.
- Tant mieux. Je suis content que tu le prennes bien.
- J'ai absolument rien contre. Mais ça ne doit pas être facile tous les jours pour toi.
- On parle de la même chose ?
- Tu es gay ? C'est bien ça ?
- Non ! Absolument pas ! Pas du tout, j'aime trop les femmes pour ça.
- Vous êtes bien intriguant Mister Jack !
- Et vous bien trop tentatrice Miss Lucie !

Mais je joue à quoi là ? Tout en dansant avec Lucie, je me mords les doigts. J'ai déjà une copine ! Et voilà que je flirte avec une fille que viens à peine de rencontrer. Je suis un bel enfoiré. En même temps, je n'ai rien promis à cette fille. Mais t'as pas non plus mis les choses au clair me souffle la voix insidieuse de ma conscience. J'aimerais lui tordre le coup parfois à cette voix, mais comme nous partageons le même, je m'abstiens.

Le slow se termine. Je relâche l'étreinte et m'incline devant Lucie.

- Merci pour la danse.
- C'est moi qui te dit merci. T'es le premier garçon qui ne m'a pas marché sur les pieds. En même temps, vu l'état des autres : c'est pas vraiment un exploit.
- Je te laisse. J'ai besoin de me rafraîchir la gorge.
- A bientôt alors. Si jamais t'as envie de danser à nouveau. Et quelque soit la danse, tu sauras me trouver.
- D'accord.

Je tourne le dos et me fraye un passage vers le buffet. J'y retrouve le petit blond, il est presque allongé sur la table à se servir un nouveau verre. Je lui donne un coup de main pour remplir son verre.

- Mon pote ! A la tienne !
- C'est ça ! A la mienne...
- Ca fait combien de temps qu'on se connaît maintenant ?
- Peut-être vingt minutes... Au moins...
- Tant que ça ? Et bien je dois te dire que t'es mon meilleur ami. Oui ! C'est toi ! T'es le seul qui m'est jamais laissé tomber.
- En effet.

Je regarde le gars. Il va jamais tenir jusqu'au bout de la soirée à son rythme. Je lui donne une tape amicale dans le dos et m'écarte doucement. Ca va le faire. Je lance un regard circulaire autour de moi. Je n'ai toujours pas vu Mathilde. Je me demande bien ce qu'elle peut faire. Je suis venu pour elle au départ. Je sens soudain un contact sur l'épaule, je me retourne. C'est Arthur.

- Bon numéro. Lucie est une fille bien. Et tu as fait une bonne impression. T'as plus qu'à foncer.
- Je suis touché, et je suis persuadé que c'est une fille superbe mais...
- Allons Jack, dis toi que personne ne verra rien. Regarde ! Regarde moi, je ferme les yeux. Je ne vois rien ! Magique ! Tu peux faire tout ce que tu veux.
- Oh ! Art' ! Laisse tomber ! Ce garçon là, c'est chasse gardée !

Mathilde vient d'arriver. Elle est magnifique dans sa robe de soirée rouge. A la fois décontracté mais aussi sophistiqué. J'ai du mal à y croire. Son corps est mis en valeurs et les courbes se font délices. J'en tomberais amoureux si je ne me retenais pas. Je tente de chasser l'idée de ma tête. Restons calme.

- Et c'est le terrain de jeu de qui ma belle ?
- C'est le mien ! Regarde mes dents ! Je suis affamé, alors t'approches pas trop de lui !

Elle éclate de rire. Arthur aussi. Et moi ? Je me sens seul d'un seul coup...

- Aller Art' ! Va jouer ailleurs.
- Je te laisse chérie. Mais je suis dans le coin. Et tu risques de me regretter très vite.

Arthur éclate de rire, retourne dans la foule et commence à frapper dans la main des gens qu'il croisent. Mathilde me prend par le bras et m'emmène un peu plus loin.

- T'en a mis du temps. Je pensais que tu ne viendrais pas.
- J'ai eu du mal à trouver. Mais je suis là.
- Oui, je vois ça. Alors, tu t'amuses bien.
- Euh... Oui...
- Oui, je me doute que ce doit pas être simple de débarquer quand tu connais personne. Ca va aller. Et puis je suis là maintenant. T'auras un point de repère.
- Je suis content.
- Et puis Art' semble t'apprécier. Tant mieux, ce serait difficile sinon.
- Vous êtes ensemble ?
- Plus ou moins.
- Ah...
- C'est mon colocataire. Et il y pas plus gay que lui.

Je regarde Mathilde rire. J'aime sa voix cristalline, son corps qui bouge avec tant de grâce et son visage qui s'illumine d'un sourire radieux. Elle est là ! Il n'y a plus qu'elle. Je ne peux détacher mon regard. Et je m'en veux terriblement. J'ai pas le droit de faire ça. Amuse toi me dirait Arthur... Je suis adulte ! Faut que je me comporte comme tel.

Que ferait Edouard ? Il sauterait sur l'occasion. Avant peut-être... Mais maintenant qu'il a une copine ? Il ferait quoi ? Je suis pas Ed' de toute façon. C'est à moi de régler mes problèmes seuls. C'est à moi d'assumer mes actes.

- Mathilde. J'ai une copine. Je suis amoureux d'elle. Elle est à des kilomètres d'ici. Mais ça reste ma copine.
- D'accord.
- Je suis désolé. Je voudrais te dire que tu es belle, que j'ai envie de te serrer contre moi et oublier le reste. Mais si je fais ça, je suis le dernier des enfoirés.
- On ne s'est pas rencontré au bon moment.
- Non, on ne s'est pas rencontré au bon moment. Tu as l'air d'être une fille géniale, tu sembles cultivé, t'as l'air d'avoir les mêmes goûts que moi, tu es si vivante. Mais je peux pas.
- Tais toi un instant.

Mathilde se penche vers moi pour m'embrasser. Je lui rends son baiser avec passion. J'ai l'impression de ne faire qu'un avec elle. D'entrer en symbiose avec le monde. Je n'avais jamais rien ressenti d'aussi fort. j'ai l'impression de m'étouffer, de mourir lentement dans cette étreinte. Mon coeur s'accélère, je l'entends battre à tout allure. Tout s'écroule autour de moi. Et moi avec ! Je me désagrège lentement. Mon être tout entier semble lancer un cri de désespoir et je me déchire tout entier. Je m'arrache à tout cela.

- C'est le plus beau baiser que j'ai jamais donné. Mais sans conteste le plus douloureux. Ce n'est pas l'heure pour moi. Je vais m'en aller Mathilde. Adieu.

Je lui tourne le dos. Et je cours ! Je sors en trombe de l'appartement. Je descends les escaliers. Et l'air frais de la nuit me fouette le visage. Je cours dans la rue. Je sens mon souffle se faire difficile. Mais je cours ! J'ai mal aux jambes, mon coeur s'emballe. Mais je cours jusqu'à tomber épuisé. Je souffle doucement.

Je passe ma main sur mon visage. Je pleure ! Bon sang ! Je ne m'en étais pas rendu compte ! Les larmes coulent toutes seules. Et ça ne s'arrête pas ! Je sens tout cela qui dégouline sur mes joues.

Je lève les poings au ciel dans un élan de fureur. M'adressant au monde plein de haine :

- Pourquoi ? Pourquoi tu me fais tout ça ? J'ai rien demandé ! J'ai jamais prié ! Alors pourquoi moi ?

Je hurle à m'en arracher la gorge et cours comme un dératé dans les rues. Hurlant comme un fou. Je ne me contrôle plus. Je n'ai plus de raison. Je divague. Je vois trouble, je vois sombre. J'ai l'impression que mon corps continue de s'émietter. Et les étoiles se mettent à danser autour de moi.

Je frappe dans un mur. Je ne sens rien. Alors je frappe encore, et encore, et encore. Je frappe sans relâche jusqu'à ce que la douleur m'assaille. Les larmes se mêlent au sang.

- Pourquoi ? J'ai rien demandé.

Je m'écroule à terre. Et ferme les yeux. Je veux oublier. Je veux tout oublier. Recommencer. Oublier. Recommencer. Je veux en terminer. C'est trop pour moi. Je n'ai pas assez de place pour tant d'émotion d'un coup. Tout va mal. Je veux oublier définitivement.

Et soudain le noir.







Le temps a passé. Je me suis réveillé. J'ai les mains en compote. J'ai mal partout. Et une cicatrice me balafre l'âme. Je ne peux pas soigner ça. Je ne pourrais plus soigner ça. Je suis meurtri à jamais.

Le temps passe. J'essaye d'oublier. Les cicatrices sur les mains s'estompent peu à peu. Mais le souvenir de Mathilde reste gravé dans ma mémoire. Son image me hante dès que je ferme les yeux. Je ne suis plus le même. J'ai mal en permanence.

Le temps passe. C'est un matin que j'ai reçu le texto. Un mot simple. Un mot de Justine. J'ai ouvert doucement le clapet du portable. J'ai lu le mot. Je suis retombé sur mon lit. J'ai lu le mot. Je suis retombé sur le lit. J'ai lu le mot...

« Jack. Tu es vraiment un garçon fantastique. Et je croyais passer le reste de ma vie avec toi. Mais c'est trop dur. Je ne peux continuer une relation à distance. Pardonne moi. Je te garde dans mon coeur. Prends soin de toi. Au revoir Jack. »

J'ai lu le mot. Je suis retombé sur le lit.








Je sèche une larme. Et regarde par la fenêtre. Il fait beau dehors. Je prends mon téléphone et compose le numéro.

- Allo ?
- Mathilde ? C'est Jack. Tu fais quoi ce soir ?



Je regarde dehors. Il fait beau aujourd'hui.


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