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Le jour où je suis devenu prof !


Par : Salmanzare
Genre : Sentimental
Statut : Terminée



Chapitre 9


Publié le 04/07/2009 à 10:43:04 par Salmanzare

Se présente deux explications ! La première, j'ai une classe d'élèves attentifs et très respectueux. Mon cours est super, donc il se taise. C'est plutôt flatteur pour moi mais je ne pense pas que ce soit le cas. La deuxième solution est moins agréable : ce sont des monstres qui préparent un mauvais coup ! Je ne voudrais pas les juger trop vite, mais je suis passé tout à l'heure devant la voiture du prof de maths : ce n'était pas joli à voir.

Bien sûr, je pourrais me contenter de faire ça pendant un an. Pas de voix qui s'élève, pas de cris. La tranquillité absolue, et un cours magistral pendant 55 mn. Mais dans ce cas, que devient la relation professeur et élèves ? Peut-on parler d'une véritable transmission du savoir. Ça me rend fou de penser à ça. Pourquoi j'ai choisi ce stupide métier ?!

Je rentre chez moi. Je suis vraiment un naze, je ferais mieux de me tirer une balle dans la tête. Ça ne dérangerait personne. Combien de temps avant qu'il se rende compte que je suis mort dans mon studio ? Le courrier qui s'amoncelle dans la boite au lettres ? L'odeur qui va commencer à se dégager au bout de plusieurs jours ? Ce sera pas les factures en tout cas, je suis en prélèvement automatique ! Je peux clamser dans l'indifférence la plus totale, c'est pas grave : je continuerais à payer.

- Vie de merde !

Je commence à me saouler en regardant des jeux télévisés à la con, puis le JT, puis de nouveau jeux télévisé à la con ! Je râle en voyant Sarko apparaître sur mon petit écran, comme si on le voyait pas déjà assez ! Je continue de boire et de boire. Je suis à bout en ce moment. J'ai vraiment envie de me tirer une balle. Le seul problème est que je n'ai pas de flingue. Faudrait que je loue les services d'un tueur à gages, ça doit se trouver sur internet ça. En même temps je suis fauché, et c'est pas la paye de prof à la fin du mois qui va changer grand chose.

Je peux même pas faire un suicide convenable.

Minable.

Raté.

Et je bois sans cesse. Je m'arrête plus. Je vais prendre des somnifères. Au moins ça va m'aider à m'endormir. Deux dans ma bière devrait être suffisant pour dormir sans rêve.

Je me sens mal, je tiens à peine debout. J'ai envie de vomir mes entrailles. De fermer les yeux et ne plus les ouvrir.

- Bon sang, t'es où Justine ? Tu vois pas que j'ai besoin de toi !

Je hurle. Continue de hurler. Mais personne ne me réponds. Alors je continue à crier, à boire et je ne dors toujours pas.

On frappe à ma porte. Je vais ouvrir. C'est le voisin du dessus, en robe de chambre. Il est grotesque, je commence à me marrer.

- Il est une heure du matin petit con. Tu vas te calmer oui.
- Ta gueule le vieux ! Va te coucher, je suis pas bien.
- Je vais appeler les flics, tu vas voir. Tu vas moins faire le malin.
- Dites leur qu'il s'essuie bien les pieds avant d'entrer. J'ai fait le ménage tout à l'heure.
- Mais vous vous moquez de moi là ?

Je lui claque la porte au nez. Je me sens vraiment pas bien. Tout tourne autour de moi. Je chute, me relève et titube. J'ai la tête lourde. Le téléphone sonne. Je tends la main, décroche et écoute.

- Jack ? Je te dérange ?
- ...
- Jack ?
- Oui, c'est bon je suis là.
- Tu viens faire la fête ce soir ?
- ...
- Comme d'hab quoi ! T'es sûr ? Faudrait que tu te changes les idées. Que t'arrêtes de penser à elle.
- Je viens.
- Non ?! Génial ! Je t'attends.

Je raccroche. J'ai au moins un ami. Je tire sur le porte manteau, me le prends dans la gueule. Je bataille un instant puis arrive à enfiler ma veste. Je sors. L'air frais me fouette le visage. C'est agréable. J'essaye de marcher le plus droit que je peux mais j'ai du mal.

- Monde extérieur me voilà !

J'avance seul au milieu de cette route déserte. En plus d'être un paumé, je vis dans un coin paumé.

Attention, vous entrez dans le coin le plus désert qui soit. Ici, pas de place pour les vivants. Juste des êtres en transit avant le grand saut ! Faudrait inventer des machines à suicide, je suis certain que ça ferait un tabac.

Tu entres dans la machine, paye avec ta carte de crédit et tu peux choisir ton type de mort. Noyade, asphyxie, brûlé... Et puis, aucun problème sur l'éventualité de plaintes d'anciens clients !

Pourquoi je pense à ça ? Je suis complètement malade.

Il fait de plus en plus froid dehors, j'aurais du prendre un pull en plus d'une veste. Et je suis pas chez Éd avant un bon quart d'heure. J'aurais du rester au chaud chez moi. En plus, j'ai la tête qui tourne encore. J'ai l'impression que tout se dérobe sous mes pieds. Comme si le pavé humide se mettait à faire de légers soubresaut pour me déstabiliser.

Je tombe par terre. Me claque l'arrière de la tête contre un mur. Va falloir que je fasse un pause. Je ne suis plus le mouvement là. J'aurais du prendre un taxi. J'aurais du...

Il y a beaucoup de chose que j'aurais du faire. Beaucoup de chose que je n'aurais pas du faire... Mais on ne revient jamais en arrière. On ne change pas le passé. On ne change pas les gens...

Une main fine se tends vers moi pour m'aider à me relever. Je cligne des paupières, surpris. Qui vient déranger un pauvre type en train de cuver sur le trottoir. Je lève les yeux. Talons aiguilles, mini jupe, et un haut tout aussi petit. Cachant à peine les charmes d'une gorge généreuse. Elle est belle, maquillage très discret. Elle me fait un sourire. Je serre la main et me relève. Elle a la peau douce.

- Je suis mort ? C'est le paradis ? Non, j'ai trop mal à la tête pour que ça le soit.

Elle rit doucement. D'un geste de la main, elle repousse une mèche blonde derrière son oreille droite. Hésite un instant puis s'adresse à moi.

- Traîne pas ici. C'est pas très sûr à cette heure.
- Merci.

J'ai mal à la tête. Je vois mal, je me sens pas bien. Et cette fille reste devant moi, souriante. Tout tourne très vite. Je tombe dans les pommes je crois. J'oublie tout, je ne sais plus qui je suis, où je suis, ce que je fais. Je dors.








Je me réveille doucement. J'ai mal au dos. Une silhouette bouge devant moi. Je ne distingue pas la personne. Est ce que j'hallucine ? Puis je crois la reconnaître. Serait-ce ?

- Justine ?
- Non, mais pour 50 euros : tu peux m'appeler comme tu veux.

Elle se rapproche, c'est la belle inconnu de tout à l'heure. Je suis encore en train de délirer. J'ai chaud. Je me sens pas bien.

- 50 euros ? Je ne comprends pas...
- Oh, ça peut-être moins chère. Ça dépend de ce que tu veux faire.
- Pardon. Je ne saisis pas.
- Par contre, je reste classique. Les plans scabreux ne m'intéresse pas.
- Vous êtes une...
- Une pute ? Oui.

Elle me sourit.

- Mais tu peux aussi dire prostituée, péripatéticienne, demi mondaine, catin, bourgeoise des rues, ribaudes. C'est pas le choix qui manque. En ce moment j'aime bien fille de joie.
- Je... Vous...
- Oui, c'est pas vraiment respectable. Mais je me paye mes études comme ça. C'est plus rentable que caissière.
- Où suis-je ?
- À l'hôpital. T'as subi un lavement d'estomac. T'es resté dans le coma quelques heures.
- Oh non.
- Faut pas boire autant.
- Merci pour votre aide.
- Tu sais, je me suis contenté d'appeler l'ambulance quand tu t'es mis à baver. Après, ce sont les médecin qu'il faut remercier.
- Je suis pathétique hein ?
- Oui, mais attendrissant en même temps. Alors qu'est ce qui pousse un jeune homme à se saouler pour finir ivre mort dans la rue ?
- Je suis prof.
- Ouch. Dommage.

Elle rit encore. J'aime bien son rire, il me réchauffe. J'ai mal au ventre mais je vais déjà mieux qu'hier. Je passe ma main dans les cheveux et ressens une vive douleur.

- Attention. Tu t'es claqué la tête contre un mur hier. T'as rien du sentir selon le médecin, t'étais trop bourré. Mais t'as un sacré bobo !
- Rien de grave ?
- Je sais pas si c'est à moi de te l'annoncer...
- Quoi donc ?
- Et bien, ça t'as endommagé certains nerfs lors de la chute...
- Et ?
- Ben, tu pourras plus avoir d'érections à partir de maintenant.
- Oh non !
- Je plaisante. Tu marches à fond. T'es trop drôle. Nan, t'as rien. Juste un sacré bleu.
- Vous m'avez fait peur.
- Tu veux un bisou ?
- Je dirais pas non.

Elle rit de nouveau. Et dire que j'ai failli me tuer hier. Heureusement qu'elle était là. Je lui dois la vie. Sans elle, on m'aurait retrouvé mort tôt ce matin entre deux poubelles. S'il y a un dieu qui existe : je le remercie !

- Merci infiniment. Vous en avez fait beaucoup pour moi. Et je connais même pas votre prénom.
- Espoir. C'est plutôt pas mal pour une fille de joie non ?
- ...
- Je te mets mal à l'aise hein ? Désolé, je suis très bavarde.
- Vous êtes tellement vivante, tellement rayonnante. Ça faisait longtemps que j'avais pas vu ça.
- T'as un ou deux ans de plus que moi. Tu pourrais me tutoyer ! Je vais me sentir vieille sinon. Oups, t'as vu l'heure ! Je vais devoir me sauver.

Elle s'élance vers la porte. Mince, je peux pas la laisser partir comme ça. Je peux pas... Faut que je trouve quelque chose à dire !

- Espoir ?
- Oui ?
- On pourrait se revoir non ? Je peux vous laissez mon numéro.
- T'es un gentil garçon. Si on doit se revoir, ce sera au hasard d'une rencontre. Je préfère te retrouver comme ça. C'est tellement plus romantique. Si c'est notre destin, on se recroisera.

Elle rit encore et disparaît. Me laissant songeur. Elle était magnifique. Est ce que je la reverrais. Le docteur arrive presque aussitôt.

- Bonjour Docteur.
- Bonjour. Pas trop mal à la tête ?
- Autant qu'un sonneur de cloche dans une église lors d'un mariage.
- C'est normal. Vous pouvez remercier votre amie. Sans elle vous seriez mort. Vous avez fait un arrêt. Elle vous a fait un massage cardiaque pendant 20 mn avant que nous arrivions. Elle a un sang froid exceptionnelle, sans sa présence d'esprit : vous seriez à la morgue jeune homme. Elle a veillé sur vous jusqu'à votre réveil. Vous pouvez estimer chanceux d'avoir une amie comme elle. Et un ange gardien aussi.
- Merci Docteur.
- Je ne suis pas exactement docteur. Mon titre dans cet hôpital est psychologue.
- Je vois. Vous êtes quand même un docteur. J'imagine que vous voulez me parler. Me faire faire des dessins pour me montrer que j'ai un problème. Mais ça n'importe qui aurait pu le deviner. Je vais bien Doc.
- Ils disent tous ça. Je vais vous laisser ma carte de visite. Si vous changez d'avis.
- Ça ira.
- Bon, je vous laisse. J'ai un patient à aller voir.
- Pire que moi ?
- Il n'y a pas de comparaison. Je le soupçonne d'être schizophrène, mythomane et paranoïaque. Il est persuadé d'être l'un des plus grands tueurs à gages.
- Méfiez-vous quand même on ne sait jamais.
- Bon repos. Et buvez moins jeune homme. Vous éviterez bien des ennuis.

Le docteur repart. Bon sang, quelle nuit. J'en frissonne encore. J'ai failli mourir, j'ai vu un ange. Je suis vivant. C'est un signe. Je ne dois pas baisser les bras ! Il faut que je me batte jusqu'au bout. C'est ce que ferait Onizuka ! Allez, j'ai un cours à assurer moi. Faut que je me lève.

En m'apprêtant à quitter l'hôpital, je vois Éd débouler.

- Jack ! Me refais plus jamais ça. Espèce d'imbécile !
- Je suis désolé Éd. Je vais bien à présent. Je vais bien.
- Oh Jack. J'ai eu tellement peur.

Éd me serre dans ses bras. Fort sans me lâcher. Je suis désolé Éd. Je ne te ferais plus un coup pareil. Je suis vivant. Je vais mieux à présent. Elle m'a sauvé.



































- Tu peux me lâcher Jack maintenant ? C'est assez embarrassant !
- C'est toi qui me tient !
- Ah oui. Pardon, autant pour moi.


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